Tribune libre Les derniers avatars de la formation des enseignants !

La formation des enseignants était déjà un objet de débat majeur en 1968, au point que l’une des premières décisions avait été de porter de un à deux ans la formation des instituteurs dès la rentrée 1969. Des principes forts avaient été affirmés portant notamment sur l’égale dignité entre les enseignants de tous les degrés.


Cinquante ans après, le sujet est toujours d’actualité au point de faire l’objet d’un rapport récent de la Cour des Comptes  qui souligne les insuffisances d’un dispositif universitaire qui ne garantit selon elle ni la maîtrise des compétences disciplinaires ni la professionnalisation !

Le passage progressif de bac+3 à bac+5, pour le recrutement permettait de justifier un même niveau de rémunération entre enseignants du premier et du second degré dans la logique d’une hiérarchie qui n’est pas fondée sur une qualification professionnelle mais sur un grade universitaire. On notera que l’agrégation reste à cet égard l’exemple le plus symbolique de cette conception d’un recrutement qui ne correspond à aucune nécessité fonctionnelle mais qui permet uniquement de distinguer – par concours ou par liste d’aptitude – les quelques happy few destinés à garnir le sommet de la noble pyramide.

Cette élévation incessante du niveau de recrutement a rencontré fort peu de résistances tant il était évident que l’augmentation du savoir universitaire ne pouvait avoir que des effets bénéfiques sur la capacité des maîtres à enseigner. Ce postulat de la toute-puissance du savoir universitaire a même conduit à considérer que l’accès à un diplôme bac+5 pouvait dispenser de toute formation professionnelle pour exercer le métier d’enseignant… Il aura fallu attendre le quinquennat suivant pour rétablir la formation.

La performance du système éducatif n’étant pas à la hauteur des attentes, il semble maintenant urgent de revoir un dispositif de formation qui a été tellement transféré à l’université que son pilotage échappe en grande partie au ministère qui en a la responsabilité. Non seulement le ministère n’a pas su faire prévaloir ses attentes et ses besoins d’employeur auprès des universités, mais la Cour déplore également que l’université n’ait pas non plus réussi dans sa mission d’élévation du niveau des compétences disciplinaires.

L’idée d’un recrutement à bac+3 est une mesure qui devrait répondre dans ses modalités de mise en œuvre à des objectifs beaucoup plus explicites de professionnalisation. La priorité doit donc être de sélectionner les meilleures aptitudes et la plus forte motivation pour le métier, quitte à compléter leur formation disciplinaire par la suite si c’est nécessaire, et non pas de se déterminer en fonction d’un savoir universitaire !

Bien que les réactions médiatiques se soient focalisées sur le niveau de recrutement c’est la polyvalence disciplinaire qui constitue en réalité l’enjeu novateur des propositions de la Cour, déclinée sous deux formes : développer la bivalence et la polyvalence dans les parcours de licence (R5) et favoriser la polyvalence disciplinaire (2.2).

Rappelons à cette occasion quelques-uns des nombreux problèmes posés par le fonctionnement disciplinaire exclusif au collège : cloisonnement des enseignements, quasi-impossibilité du travail d’équipe des enseignants, multiplication des intervenants dans chaque classe, nombre excessif d’élèves pris en charge par chaque enseignant, grande difficulté à assurer les remplacements en cas d’absence…
Si l’on ajoute à cela les lacunes dénoncées par la Cour dans la maîtrise par beaucoup d’enseignants des compétences de base en français et/ou en mathématiques, on voit bien que le règne absolu des enseignements disciplinaires est un échec.

Mais la plupart des efforts faits pour lutter contre cette dérive se sont heurtés à l’hostilité de la base comme à celle de l’encadrement. On évoque encore avec mépris la naïveté de ces « pédagogistes » qui ont prétendu mettre l’élève au cœur du système éducatif, de même qu’on s’est empressé tout récemment de mettre fin à cette folie qui consistait à vouloir instaurer des enseignements pluridisciplinaires !

Seul l’enseignement professionnel a su conserver et même développer une bivalence de certains enseignements, mais n’est-ce pas l’une des raisons du manque de considération à son égard ?

On ne peut que souhaiter bien du courage à un ministre qui aurait lui aussi la volonté insensée de s’engager sur cette voie !

Andromède

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