Le 30 janvier 2019, de 9 h 30 à 12 h 30, se sont réunis, au siège de la Direction générale des ressources humaines, les représentants de l’administration centrale (DGRH, DGESCO...), des académies (recteurs, secrétaires généraux, DRH...) et les représentants des organisations syndicales représentatives des personnels.
Agenda social des corps d'inspection : des orientations positives, mais des engagements encore flous...
Il s’agissait de la deuxième réunion programmée dans le cadre de l’agenda social consacré aux corps d’inspection. Notre délégation était conduite par Patrick Roumagnac, Secrétaire Général, accompagné d’Élisabeth Jardon et de Franck Montuelle, respectivement Secrétaires Généraux adjoints des 2nd et 1er degrés.
Alors que la première réunion organisée le 14 octobre dernier s’était déroulée dans un climat assez tendu, cette nouvelle rencontre s’est avérée plus constructive. Les propos tenus par les représentants des différentes organisations syndicales, mais aussi par les représentants de l’administration, ont été assez convergents.
Il s’agissait dans un premier temps de réfléchir sur la définition des missions des inspecteurs en envisageant les éventuels ajustements à apporter à la circulaire actuellement en application.
Lors de l’intervention liminaire, nous avons tout d’abord rappelé que les questions catégorielles, indemnitaires et statutaires constituaient la priorité des inspecteurs qui avaient manifesté de manière très ferme leur profonde exaspération. Le SI.EN-UNSA a fortement insisté afin que ce volet de l’agenda social soit ouvert très rapidement ; nous avons repris cette question à plusieurs reprises au cours de la rencontre et avons finalement obtenu de la présidente l’assurance que les engagements seraient tenus. Inutile de dire que nous saurons rappeler cette promesse… Nous avons souligné que nos différentes actions n’étaient suspendues que temporairement afin de faciliter les phases de négociations qui s’ouvrent. Nous avons indiqué que la mobilisation des inspecteurs autour de leurs revendications demeure intacte. Dans la lettre que le ministre a adressée aux IEN, l’année 2020 a été explicitement définie comme l’échéance pour la mise en application de mesures substantielles et concrètes ; nous veillerons, avec la plus grande vigilance, au respect des engagements pris.
Globalement, la circulaire du 11 décembre 2015 nous convient. Elle résulte d’un travail approfondi conduit dans le cadre d’un véritable dialogue avec les représentants des inspecteurs. Nous avons toutefois souligné que ce texte, précis et ambitieux, n’avait jamais été mis en œuvre dans toute sa richesse et sa pertinence.
Pour le SI.EN-UNSA, la réflexion engagée dans le cadre du volet « Missions » de l’agenda social doit permettre de définir l’identité professionnelle des inspecteurs. Dans l’intérêt du service public d’éducation, comme dans le respect de la spécificité des missions assignées, nous sommes convaincus de l’unicité de la fonction d’inspection, quels que soient les niveaux ou les contextes dans lesquels elle est mise en œuvre. Nous avons donc soutenu cette nécessité simple d’une circulaire unique pour orienter l’action quotidienne de tous les inspecteurs. Nous insistons donc sur la nécessité de séparer cette fonction d’inspection de la fonction de direction, ce qui nécessitera de sérieuses remises en cause de l’existant.
Se pose évidemment la question des périmètres territoriaux adaptés au pilotage des dispositifs du premier comme du second degré. Nous considérons à ce propos que la circonscription pourrait effectivement devenir un échelon de proximité pertinent pour permettre une authentique coopération des différents inspecteurs dans le cadre d’une continuité pédagogique confortée pour l’ensemble de la scolarité obligatoire.
Pour le SI.EN-UNSA, le concept d’École de la confiance ne peut que constituer une étape vers une École de l’audace, de l’ambition, de l’initiative. Pour y parvenir, les enseignants doivent être sérieusement accompagnés et solidement soutenus dans le quotidien de leur action. Il est maintenant indispensable de changer le logiciel ancien du contrôle qui continue à étouffer notre système éducatif ! Le contrôle, souvent illusoire s’il est vécu comme un regard intrusif dépourvu de bienveillance, s’avère bien souvent infantilisant et inhibiteur d’initiatives. A contrario, les apports, disciplinaires ou transdisciplinaires, dispensés par les inspecteurs dans la diversité et la complémentarité de leurs compétences et de leurs expertises sont fortement attendus, dans un système éducatif en pleine mutation, tant par les équipes enseignantes que par les personnels de direction. Le SI.EN l’affirme et les recteurs et autres représentants de l’administration en conviennent.
Nous affirmons, en outre, que tous les inspecteurs, contribuant à la définition co-construite des objectifs, devraient être placés en situation de pouvoir référer directement leur action au projet académique arrêté par le recteur pour l’ensemble de l’académie. Tous les inspecteurs, recentrés sur leur cœur de métier (l’évaluation et l’inspection), ne devraient plus être envisagés comme des cadres ambivalents cumulant à leurs missions d’inspection, des responsabilités de direction. Nous considérons qu’ils devraient dès lors être tous placés sous l’autorité directe du recteur d’académie, l’autorité des DASEN s’exerçant sur les cadres ayant la responsabilité de la direction des unités d’enseignement du premier et du second degré.
Parce que les situations de souffrance au travail, exposées récemment en CHSCT, prennent le plus souvent leurs racines dans la perte de repères et de sens perçus dans l’action professionnelle quotidienne, il est indispensable, pour le SI.EN-UNSA, de mettre un terme au « tâchisme » que nous vivons actuellement, cet empilement subi de requêtes et enquêtes, hétéroclites et dénuées d’intérêt perçu, d’utilité réelle et de cohérence.
La hiérarchisation de nos missions doit impérativement permettre de restaurer des marges temporelles, permettant aux inspectrices et aux inspecteurs de s’engager, au-delà de la conduite des PPCR, dans un travail d’accompagnement des personnels et de soutien à l’action éducative, ceci dans le contexte ordinaire et quotidien de la conduite des apprentissages, quel qu’en soit le niveau.
À propos de nos temps de travail, l’éventualité de la mise en place d’un compte épargne temps, encadré au plan réglementaire et généralisé à l’échelon national, est de nature à nous intéresser. Il s’agira cependant d’être vigilants sur ce point, pour ne pas en faire un moyen de contrôle tatillon de notre hiérarchie.
À propos du rôle des doyens, désignés par les recteurs sur proposition de leurs pairs, nous rappelons fermement qu’ils ne devraient, en aucun cas, se voir confier des missions d’autorité hiérarchique sur leurs collègues qu’ils n’ont nullement vocation à évaluer. Le sens de leur rôle réside essentiellement dans une mission d’animation voire de coordination.
Quant au PPCR (dont la mise en œuvre fait actuellement l’objet à l’échelon national de bilans et d’analyses), l’unanimité semble se cristalliser sur la nécessité d’assouplir le protocole. Un des recteurs présents affirme que la mise en œuvre des PPCR a induit une indéniable rigidité dans l’agenda de l’inspecteur. Cette rigidité le rend moins disponible pour l’exercice de ses responsabilités connexes de pilotage.
Nous évoquons aussi la question de la restauration qualitative d’une formation initiale solide permettant aux futurs inspecteurs de construire et d’étayer leur identité professionnelle, ce qui leur permettra de faire face à une complexification des tâches qui n’échappe à personne.
Le travail engagé sur les missions est, bien sûr, loin d’être achevé, mais, au sortir de la réunion, nous éprouvons le sentiment d’être écoutés. Nous pensons, à propos de nos conditions de travail, qu’elles devraient s’améliorer sensiblement. Nos collègues peuvent compter sur l’indéfectible engagement du SI.EN pour faire progresser leurs revendications et nous ne manquerons pas de les informer de chaque évolution, de chaque progrès.
À partir des éléments partagés au cours de cette séance et en prenant en compte les évolutions de l’École depuis la précédente circulaire sur les missions des inspecteurs, la cheffe de service des corps d’encadrement va procéder à l’écriture d’un projet pour une nouvelle circulaire qui sera débattue lors de la prochaine réunion du groupe de travail. Celle-ci pourrait intervenir dans quelques semaines.