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Une nouvelle fois, le Conseil supérieur de l'Education a été une bonne occasion de faire entendre le mal-être des inspectrices et des inspecteurs. Charme supplémentaire : la présence du ministre a permis de donner un relief particulier à cette déclaration...

Le CSE, une bonne occasion de faire entendre au ministre ce que vivent les inspecteurs au quotidien

Une contrainte était imposée : ne pas dépasser 3 minustes par organisation. C'est un peu court, mais il reste possible de se faire entendre...

 

Monsieur le Ministre,

 

Quelques mots pour vous dire ce que constatent et vivent les inspectrices et les inspecteurs de l’éducation nationale quand ils se rendent dans les établissements de la voie professionnelle ou dans les écoles. Sans doute ces informations sont-elles un peu différentes de ce que vous font remonter les autorités académiques. Différence de point de vue ? Peut-être… Mais surtout une parole plus libre, moins réjouissante, moins complaisante, mais n’est-ce pas ce que vous nous avez dit attendre de vos cadres ?...

 

Le système éducatif est aujourd’hui en forte tension. Les personnels ont de plus en plus de mal à adhérer à des politiques éducatives qui leur semblent bien éloignées et bien oublieuses des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.

 

Trois minutes d’intervention… Peut-être eût-il été préférable de procéder à l’inventaire de ce qui va bien… Il me serait probablement resté un peu de temps en fin de prise de parole ! Tant pis, le choix énonciatif étant opéré, procédons par regroupement pour aller à l’essentiel. Pour les inspecteurs, il semble légitime de commencer par le sentiment généralisé de mal-être. Qui sont, aujourd’hui, les inspecteurs qui déclarent se sentir bien dans leur travail ? Mis à part les flagorneurs, les béni-oui-oui et ceux qui s’inquiètent d’une possible promotion, pas grand monde !... Pourtant, le concept de qualité de vie au travail apparaît un peu partout dans les intentions affichées par notre hiérarchie, mais nul n’en voit de manifestation réelle. La récente publication de la circulaire relative aux missions des inspecteurs fixe clairement la priorité que nous devons accorder à l’accompagnement des équipes pédagogiques pour aider les enseignants à mieux faire réussir tous les élèves. C’est du reste ce que vous avez demandé lors des visioconférences de rentrée pour les inspecteurs du 1er comme du 2nd degré. Nos autorités académiques, ainsi que les services de l’administration centrale, ont-ils bien entendu cette priorité ? Il est permis d’en douter quand nous recevons le 10 octobre une enquête de la DGESCO pour laquelle la réponse est attendue le 12 octobre. Autre situation : dans un département proche de la capitale que je ne nommerai pas, plutôt à l’ouest de Paris, il est demandé à une inspectrice dont la secrétaire est en congé de maladie de faire remonter des chiffres sur le remplacement des enseignants… 3 fois par jour. Heureusement que dans ledit département la gestion des remplacements est centralisée… Enfin, « heureusement » ou pas !

 

Autre type de dysfonctionnement majeur. Lors d’une réunion qui a eu lieu hier avec votre administration sur la thématique des conséquences du dispositif des remplacements de courte durée par rapport à la formation continue des enseignants, toutes les organisations syndicales ont souligné les conséquences néfastes d’une mesure mal préparée. Dès aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans risque d’erreur que de nombreux enseignants sont en train de renoncer à des actions de formation qu’ils avaient prévu de suivre. Nous pouvons aussi vous assurer que de nombreux formateurs envisagent ou ont déjà commencé à abandonner ces fonctions supplémentaires, souvent aussi mal reconnues que faiblement rémunérées.

 

2 minutes 45. Il faut conclure, même s’il y aurait encore beaucoup à dire… Quelques (ou beaucoup) de minutes de plus nous auraient permis d’évoquer les PIAL, ou plus globalement l’École inclusive, la gestion des PACTE, le recrutement et la formation des vacataires, l’accompagnement de la réforme de la voie professionnelle, l’évaluation des inspecteurs, les conséquences de l’évolution de leur régime indemnitaire… Ce sera pour une autre fois ! Revenons aux fondamentaux en faisant appel aux textes fondateurs de notre civilisation. Évoquons le mythe de la malheureuse Cassandre qui était condamnée à voir l’avenir sans jamais être crue de ses proches. Ce n’est que dans les délires misogynes d’un auteur sulfureux récemment disparu que Cassandre est « celle qui fait le malheur des hommes », pour Homère dans l’Iliade elle est « celle qui annonce le malheur aux hommes ». Les représentants syndicaux que nous sommes ont sûrement dû contrarier Apollon, car, comme Cassandre, nous ne nous attachons qu’à vous annoncer les problèmes en cours et les difficultés à venir… mais bien sûr, Monsieur le Ministre, vous n’êtes pas obligé de nous croire !