Le ministre de l’Éducation a invité plusieurs organisations syndicales à participer à un temps d’information et d’échanges sur le thème sensible du harcèlement et de ses conséquences en milieu scolaire. Soucieux de tout ce qui a trait à la sécurité des élèves et des personnels, le SI.EN UNSA a bien sûr répondu présent à cette invitation.

harcelement

Harcèlement à l’École, une préoccupation majeure pour tous les personnels

Comme les autres organisations syndicales de notre fédération, nous déplorons le caractère un peu précipité de l’opération, ce qui donne l’impression que le médiatique prend le pas sur l’efficace. Nous comprenons toutefois le caractère particulièrement sensible du sujet qui laisse penser que si rien n’avait été fait, la presse se serait certainement emparée de l’affaire pour dénoncer le laxisme du ministre !

 

 

Webinaire du 13/06 à 17h15

 

Dès vendredi soir, nous avons alerté nos responsables académiques sur la tenue de ce webinaire auquel sont invités les chefs d’établissement et les IEN du 1er degré, ainsi, bien sûr, que les recteurs et les DASEN.
Nous avions alerté le ministère sur l’absolue nécessité de communiquer cette information au plus vite et de ne surtout pas attendre le lundi pour annoncer un temps de travail prévu mardi. Nous avons été entendus… mais in extremis, puisque le message a été diffusé vendredi à 19h42 !
Il semble malheureusement qu’il y ait eu un problème avec la liste de diffusion, puisque de nombreux collègues nous ont signalé ne pas avoir reçu l’information…
Malgré cette difficulté, nous n’avons pas voulu appeler au boycott de ce webinaire pour plusieurs raisons :
- tout d’abord, même si la réaction a tardé, nous apprécions d’avoir été entendus et que l’info ait été diffusée vendredi
- ensuite, la thématique même de ce webinaire est si sensible qu’il nous semble inadapté de refuser d’y participer
- enfin, il faut rappeler que c’est un webinaire et qu’il appartient à tout IEN de composer avec son agenda pour déterminer s’il est en mesure ou non d’assister à la présentation. Du reste, nous avons aussi demandé que le webinaire soit enregistré, ce qui permettra à ceux qui n’auraient pu y assister et qui voudraient toute de même le voir de le faire dans les conditions qui leur conviendront. Nous n’imaginons pas que la hiérarchie locale fasse preuve d’une quelconque pression en direction des IEN pour les inciter à assister à ce webinaire, mais nous soutiendrions sans faiblesse nos collègues si de telles situations survenaient !

 

 

Les points majeurs de l’intervention du ministre lors de la rencontre du 12/06/2023

Le ministre rappelle tout d’abord que la problématique de la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire constitue une préoccupation partagée par de nombreux acteurs. Il souligne simultanément que cette sensibilité n’est pas conjoncturelle, même si le décès de la jeune Lindsay crée une émotion des plus légitimes dans tout le pays. La mise en place du dispositif pHARe, expérimenté cette année dans des écoles et des collèges puis qui sera généralisé et étendu au lycées l’an prochain, a donné de bons résultats. Même si les données nationales ne sont pas encore disponibles pour donner plus de précisions, les premières remontées montrent une très bonne adhésion des équipes éducatives et de premiers résultats encourageants là où le dispositif a été déployé. Le dispositif reste toutefois susceptible d’améliorations qui seront proposées dès que l’ensemble des résultats de cette année auront pu être analysés. Il semble par exemple que les réponses en matière de prévention soient plus efficaces que les protocoles de prise en charge.

Observations du SI.EN UNSA

De nombreux collègues nous ont fait remonter leur satisfaction par rapport à pHARe. Cette prise de position dans un contexte de surcharge de travail que nous dénonçons par ailleurs mérite d’être soulignée et montre bien l’utilité du dispositif. Les mêmes observations que celles du ministre montrent toutefois que des progrès restent souhaitables.

 

 

Le ministre annonce aussi que chaque établissement du second degré bénéficiera d’un référent « harcèlement ». Il pourra s’agir d’un infirmier, d’un CPE, d’un professeur… qui aura pour mission de piloter le déploiement de la lutte contre le harcèlement. Il bénéficiera d’une rémunération dont le montant reste à préciser.

Observations du SI.EN UNSA

Comme la plupart des organisations syndicales présentes, nous ne considérons pas que la stratégie de faire appel à des référents multiples donne vraiment satisfaction dans les établissements. Il est en outre à craindre que cette stratégie ait pour effet une certain déresponsabilisation des acteurs qui gagneraient pourtant à réagir de manière collective dans les situations de harcèlement.
Si toutefois l’idée est conservée, nous pensons qu’il serait pertinent de réfléchir à son extension dans le premier degré, ce qui pourrait s’envisager dans le cadre collectif du PACTE.

 

 

Les associations qui gèrent les numéros d’urgence contre le harcèlement bénéficieront de subventions complémentaires. Pour mémoire, les numéros sont les suivants :
30 20 : harcèlement scolaire
30 18 : cyberharcèlement
Le ministre souligne que ces numéros sont de plus en plus souvent utilisés.

Observations du SI.EN UNSA

La question de la gestion de ces numéros est aussi l’occasion d’insister sur le rôle essentiel des associations et des structures de l’éducation populaire susceptibles de s’associer aux acteurs de l’éducation nationale pour renforcer l’efficacité de la lutte et, surtout, pour en étendre le périmètre en sortant du cadre de l’établissement scolaire.

 

 

Le ministre insiste encore sur la dimension interministérielle que doit prendre cette lutte. La fluidité s’est déjà améliorée entre éducation nationale, justice et police, mais il faut poursuivre les efforts pour travailler ensemble. La LOI n° 2022-299 du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire conduit à la qualification de délit pour ce dernier, ce qui devrait contribuer à renforcer l’efficacité des actions mises en place.

Observations du SI.EN UNSA

Nous convenons évidemment que la répression fait partie du panel des réponses possibles, mais nous soutenons aussi que la dimension éducative doit être privilégiée chaque fois que possible. Le ministre s’inscrit du reste dans cette logique, puisqu’il précise en particulier que le déplacement des élèves harceleurs dans le 1er degré ne peut être envisagé que si toutes les autres stratégies possibles ont échoué.
Précision utile : la modification du Code de l'éducation permettant le déplacement des élèves harceleurs du 1er degré a été transmis au Conseil d’État la semaine dernière ; l’avis de celui-ci devrait être communiqué prochainement.

 

 

Enfin, le ministre insiste sur la nécessité de protéger les personnels. La protection fonctionnelle est systématiquement accordée, mais il faut aller au-delà, car les menaces et les mises en cause dont les membres de l’éducation nationale font l’objet sont totalement inacceptables.

Observations du SI.EN UNSA

Nous ne pouvons que souscrire à cette intention, toutefois nous savons d’expérience que la pression est forte dans les situations de cet ordre. L’affect et l’impulsivité prennent souvent le pas sur les démarches rationnelles et structurantes à terme.