enquete stat

Alors que le ministre de l'éducation répète à l'envi le mantra de l'engagement volontaire des équipes pédagogiques, les inspecteurs sont "invités" à "stimuler" ces dernières pour soutenir le bel élan national...

"Notre école, faisons-la ensemble"... pour demain avec des méthodes d'hier !

Nous n'avons aucune raison sérieuse de mettre en doute la volonté ministérielle, pas plus que celle de ses proches conseillers, de mettre en place une écoute attentive et bienveillante des acteurs de terrain pour imaginer des solutions innovantes et adaptées au caractéristiques particulières de chaque école ou établissement scolaire. C'est précisément ce que nous défendons depuis de nombreuses années, malheureusement le lancement de l'opération nous montre en bien des lieux que la préoccupation des responsables hiérarchiques locaux sont davantage de plaire en faisant remonter des chiffres aussi flatteurs que possible, plutôt que de rechercher les moyens d'impliquer réellement tous les acteurs de terrain.
Une nouvelle fois, les inspecteurs apparaissent comme de précieux auxiliaires de la hiérarchie pour identifier les équipes volontaires et, si nécessaire, pour les encourager à s'engager dans cette démarche. Dans une académie, les inspecteurs sont invités à communiquer la liste des écoles amorçant ou prêtes à amorcer le processus. Dans un département, l'ambition est plus grande : il faut fournir la liste des écoles, mais aussi la date des réunions prévues, le nombre de participant et les thèmes envisagés... Encore un petit effort et il faudra fournir des comptes-rendus de quatre pages fournis en trois exemplaires (ah, le bon vieux temps des machines à écrire et des ronéos !...).
Et si nous redevenions sérieux ? Nous savons tous que la crise majeure de l'École est celle de la confiance des acteurs de terrain et de la hiérarchie dite intermédiaire vis-à-vis de l'institution. Ce qui pourrait être vu comme un regrettable manque de solidarité au sein du système éducatif n'est que la manifestation d'un fossé qui s'est creusé entre la chaîne l'espace décisionnel et celui de la mise en œuvre des mesures arrêtées... puis souvent abandonnées ! Les inspectrices et les inspecteurs pâtissent au quotidien de cette crise.
Nous ne pouvons accepter de nous soumettre à des diktats aussi excessifs que contreproductifs. Ils minent aussi bien notre crédibilité que notre capacité à aider les enseignants à améliorer leurs pratiques. Une fois encore, nous devons affirmer que la confiance ne se décrète pas ; elle se construit patiemment et se dégrade promptement. Alors construisons ensemble l'école de demain, oui, mais pas avec les méthodes qui ont prouvé leur inefficacité et leur caractère infantilisant qui fait perdre à chacun le sens se son métier.