Un amendement à la loi pour une école de la confiance vient brouiller encore un peu plus le sens de ce fourre-tout législatif. L’idée en elle-même n’est pas nouvelle et elle peut aller dans le sens de ce que nous préconisons, malheureusement la formulation et les perspectives de mise en œuvre nous inquiètent.
Un établissement public pour le premier degré, un amendement trop brutal et lacunaire pour être efficace
Ce texte reprend la proposition initiale de la loi qui avait été retirée par le ministre en amont de sa présentation aux organisations syndicales, dans le cadre des instances consultatives prévues par les textes réglementaires. Son retour par la voie d’un amendement ne nous semble pas très pertinent, puisqu’il élude ainsi le nécessaire débat qui aurait pu déboucher sur une amélioration du projet, ou à tout le moins sur l’ajout de précisions qui font ici défaut.
Dès que nous avons été informés de la perspective de ce dépôt d’amendement, nous avons sollicité notre fédération afin que soit mis en place un groupe de travail qui réunira les syndicats des corps impactés par cette mesure : le SE, évidemment, mais aussi les syndicats des corps d’encadrement pédagogiques, inspecteurs des premier et second degrés (SI.EN et SNIA-IPR) ainsi que chefs d’établissement (SNPDEN), et des personnels administratifs (A&I). Cette réunion aura lieu le 7 février et nous permettra de faire émerger une position partagée sur cette délicate question.
D’ores et déjà, nous ne pouvons que reprendre des critiques formulées dès la publication de cet amendement, telles que l’absence de consultation des personnels pour la mise en œuvre du projet, ou l’absence de contrôle a priori par les autorités académiques. Une telle organisation risque inévitablement d’entraîner des tensions locales qui rendront encore plus difficile le pilotage de l’établissement public ainsi créé.
Nous soulignons aussi qu’il eût été nécessaire de préciser l’impact de cette mesure sur les corps d’encadrement et sur leur rôle d’accompagnement des équipes pédagogiques. La perspective ne manque pas d’intérêt et se rapproche de ce que nous défendons régulièrement en réclamant une séparation claire des missions d’inspection et de direction pour le premier degré, mais elle est trop complexe pour être réglée d’une simple formule.
Il faut encore remarquer que rien n’est indiqué quant au périmètre de déploiement attendu. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une expérimentation, mais aucune orientation claire n’est indiquée pour une généralisation possible de cette organisation.
Au bout du compte, beaucoup d’incertitudes et d’approximations rendront difficile et problématique l’opérationnalisation de cet amendement.