Avec une volonté effrénée de ne pas respecter (une fois de plus) le temps des congés statutaires et donc le droit à la déconnexion au travail, la DGESCO nous a concocté une nouvelle enquête envoyée mardi 24 octobre, enquête dont elle a seule le secret.

Questionner les élèves sur le harcèlement, un écran de fumée qui masque les vraies questions

Il s’agit désormais de mettre en œuvre dès le niveau CE2 un questionnaire destiné à mieux « comprendre certains problèmes qui peuvent se passer entre élèves ». Si nous ne pouvons nier aujourd’hui les réelles difficultés que les équipes rencontrent sur le terrain dans cette problématique sociétale du harcèlement, il serait toutefois utile et nécessaire de rappeler à nos décideurs qu’il est bien dangereux voire accusateur d’affubler à cette thématique le qualificatif « scolaire ».

Une étude attentive du document et donc des questions posées aux élèves qui appellent des réponses suivant quatre niveaux d’appréciation «jamais-parfois-souvent-très souvent » nous laisse songeurs : serait-ce un replay du jeu de récréation « effeuiller la Margueritte » : je t’aime-un peu-beaucoup-passionnément- à la folie …
Ce ne sont pas du tout les valeurs du SIEN-UNSA, tout de même !

Prenons quelques morceaux choisis

-Est-ce qu’un ou plusieurs élèves t’empêchent de déjeuner tranquillement à la cantine ?
-Est-ce qu’un ou plusieurs élèves racontent des choses fausses ou méchantes sur toi ?
-Reçois-tu ou as-tu vu des messages insultants ou menaçants te concernant d’un ou plusieurs élèves sur un téléphone portable, sur les réseaux sociaux ou sur une plateforme de jeux en ligne ?
-Te mets-tu en colère ou es-tu agressif(ve) sans savoir pourquoi ?
…..

Les questions dont la plupart sont sur le versant rédactionnel affligeantes vont donc permettre aux élèves de cibler un niveau d’intensité. Quelle subtile subjectivité introduite ici dans ce modus operandi.
Nous sommes face à un procédé et un contenu que n’auraient pas renié les magazines à grands tirages tels F. M. voire P. M…
Mais comment peut-on penser à un tel niveau de responsabilité que les représentations mentales du « harcèlement » d’élèves âgés de 6 à 9 ans puissent être les mêmes que celles des adultes et, encore pire, des professionnels de l’Éducation ?

Petit inventaire des tâches confiées aux inspectrices et aux inspecteurs :

- l’IEN dispose d’une équipe ressource qualifiée sur le sujet. Elle doit sillonner le territoire administratif dont la géographie varie dans les départements, pour intervenir en appui des équipes d’écoles avec une insuffisance chronique des indemnités de déplacement,
- l’IEN doit désigner des référents phare,
- l’IEN invite les directeurs à utiliser l’application nationale phare,
- l’IEN identifie les enseignants qui seront formés au traitement des situations de harcèlement, souvent malheureusement sur des modalités distancielles, à la demi-journée voire la journée, suivant un plan de déploiement balisé sur trois à cinq ans,

Une fois encore, l’école doit tout faire, et bien souvent à place des autres acteurs éducatifs…
Le ministère demande encore aux IEN d’être la cheville ouvrière et opérationnelle de cette politique de substitution. Un procédé qui est sans nul doute une énième opération de communication qui ne s’intéresse pas aux causes réelles et masque la nécessité de vraies réponses et de dispositifs véritablement efficients.

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