ecole inclusive

 

Le thème de l'école inclusive constitue une préoccupation majeure pour notre syndicat, mais aussi pour notre fédération. Nous avons donc proposé une enquête afin de mieux connaître les représentations des inspecteurs sur sa mise en œuvre. Les résultats de cette enquête sont présentés ci-après, analysés par le groupe de travail « école inclusive » du bureau national du SI.EN. N'hésitez pas à participer à ce débat essentiel pour le système éducatif et, plus globalement, pour la société.

 Ecole inclusive : un enjeu capital, mais des moyens insuffisants et un manque de cohérence

A cette rentrée de septembre 2021, nous avons été destinataires d’un nombre très significatif d’alertes de la part de collègues IEN autour de deux points principaux : une hausse jugée anormalement importante du nombre de notifications d’aide humaine et une hausse inquiétante du nombre d’élèves aujourd’hui dénommés comme EHP (Elèves Hautement Perturbateurs), notamment en maternelle. Afin d’objectiver au mieux cette situation, nous avons initié une enquête rapide, close au 30 novembre 2021, venant compléter les éléments issus du Conseil Syndical National du 17 novembre 2021.

Nous avons recueilli 343 réponses : 95,3% issues du premier degré et 4,7% du second degré.
Nous serions ainsi proche d’un taux de réponse de l’ordre de 25% du corps des IEN 1er degré.
Celui-ci pourrait laisser penser que les IEN du premier degré seraient plus confrontés dans leur quotidien à cette mise en œuvre devenue difficile, mais les IEN du second degré sont tout autant confrontés à ces difficultés croissantes, notamment pour ce qui est de deux problématiques, celle de l’orientation des élèves, et celle liée à l’accompagnement des enseignants face à l’évolution du public scolaire.

Au regard de ces résultats et des échanges lors du dernier Conseil Syndical National du 17 novembre 2021, la mise en œuvre actuelle de l’école inclusive est désormais un sujet extrêmement préoccupant.

Résultats par item

Item 1 : Constatez-vous depuis deux ans une hausse des notifications d’aide humaine par la MDPH de votre (vos) département (s) ?

OUI

86,5 %

 

NON

4,4 %

(dont 33% de réponses issues du 2nd degré)

Ne sait pas

9,1 %

 

Item 2 : Si oui, quelle est, selon vous, l’ampleur de cette hausse sur votre territoire d’exercice (circonscription ou académie) ?

Moins de 10%

7%

De 10% à 20%

45%

De 20% à 50%

28,5%

Plus de 50%

3%

Ne sait pas

16,5%

- Les IEN ne semblent pas en mesure d’avoir une vision précise de l’ampleur de la hausse dans leur propre territoire, si l’on considère que 16,5% des IEN n’ont pu répondre. Pour autant, nous pouvons affirmer que la hausse est significative dans la mesure où 73,5% des réponses situent cette hausse dans un intervalle de 10 à 50%, confirmant les réponses à la question 1. Les dernières données ministérielles relatives à la scolarisation des élèves handicapés confirment cette hausse constante des notifications d’aide humaine, mais ce qui est mis en relief est une réelle accélération de celles-ci à cette rentrée 2021.

- L’approche territoriale reste délicate à analyser dans la mesure où des différences d’appréciation au sein d’une même académie apparaissent, sans doute du fait de la cohabitation de territoires aux identités différentes, urbains ou ruraux par exemple.

- Les difficultés majeures rencontrées sur l’ensemble des académies dans la gestion des PIAL sont la conséquence directe de cette situation. Le Compte Rendu du dernier CSN identifie sans ambiguïté cette gestion devenue chaotique des PIAL.

Item 3 : Constatez-vous depuis deux ans une hausse significative du nombre d’élèves au comportement non scolaire et hautement perturbateurs ?

OUI

94 %

NON

6 %

- C’est un des points fondamentaux dans la compréhension de la situation actuelle, avec des stratégies de réponses complexes, notamment du fait d’un partenariat déficient (item 4). L’aide humaine apparaît trop souvent comme la solution par défaut, l’aide humaine étant considérée comme une solution « contenante » destinée à rendre possible la vie de classe. Cette situation laisserait penser que c’est également une réponse économiquement très satisfaisante pour les ARS.

- Ne perdons pas de vue qu’il n’y a pas d’amalgame à faire entre élèves perturbateurs et handicap. Les élèves handicapés ne sont pas tous perturbateurs et les élèves perturbateurs ne relèvent pas systématiquement du champ du handicap. De la même façon, les élèves relevant du champ thérapeutique voire hospitalier ne relèvent pas obligatoirement du champ du handicap.

- Il existe certainement une corrélation entre les réponses à cet item et l’item 5, car la situation en école maternelle se dégrade au fil des ans, donnant sens aux nombreuses alertes nationales de la PMI.

- Premier et second degré se rejoignent sur cette question devenue quasi prioritaire. Dans certains établissements, notamment en SEGPA considérée trop souvent comme la réponse par défaut à ces élevés ingérables en classe, la non-réponse de nos partenaires fragilise toutes les équipes et les élèves dans leur ensemble.

- Cette réponse renforce l’idée d’une évolution sociétale non prise en compte par les ARS. L’exemple des classe relais est significatif. Ce dispositif apparaît aujourd’hui comme un concentré de situations ingérables : cette notion apparait dans l’examen des demandes, où 90% des élèves présentent des éléments caractéristiques d’une logique de notification d’ITEP. Les conventions d’accompagnement prévues restent sans réponse, le professeur étant alors seul à gérer ces parcours de formation.

Item 4 : De votre point de vue, le partenariat avec le secteur médico-social pour l’accompagnement de ces élèves est-il...

Très satisfaisant

0%

 

Plutôt satisfaisant

11%

 

Insuffisant

51%

88%

Très insuffisant

37%

Cet aspect de la mise en œuvre de l’école inclusive, prévue et identifiée dans le cadre d’une coopération indispensable, est primordial pour construire l’avenir. Les réponses comme les équipes mobiles ressources ne peuvent constituer l’unique réponse d’avenir. Très souvent, ce ne sont pas les enseignants qui ont besoin de l’aide du secteur médico-social, ce sont les élèves. L’aide humaine « contenante » ne peut être une réponse voire la seule réponse dans bien des cas.

Item 5 : Pour les IEN 1er degré, constatez-vous une hausse significative du nombre d’équipes éducatives en école maternelle pour des problèmes de comportement ?

OUI

92 %

NON

8 %

Cette situation devrait appeler toute l’attention de notre ministère. Les PMI ont alerté depuis plusieurs années sur les conséquences du l’utilisation des écrans dès le plus jeune âge, et plus particulièrement sur l’utilisation massive des écrans des parents auprès de leur enfant, notamment dans la construction du langage et de la communication en général. Notons que la dimension sociale évoquée quelquefois n’est pas forcément corrélée avec les milieux socialement défavorisés. Enfin, d’une manière générale, ce constat devrait appeler toute notre attention sur la nécessité de pouvoir identifier au plus tôt les élèves en difficulté, dans toute la complexité de leur situation. Ce qui relèverait d’une médecine scolaire exsangue, ou des personnels de RASED dont le nombre est en baisse régulière (- 30% sur ces quatre dernières années pour le SE-UNSA), serait désormais délégué aux équipes du champ médico-social, ce qui pourrait donner l’impression de les éloigner de leur mission première de prise en charge des élèves.

Item 6 : D’une façon générale, l’avenir de l’école inclusive constitue-t-il pour vous, dans le cadre de votre exercice professionnel...

Un sujet d’optimisme

6%

 

Un sujet mineur

1%

 

Un sujet d’inquiétude modérée

20%

93%

Un sujet de grande inquiétude 

73%

C’est une conclusion fort préoccupante devant l’inertie et le silence de notre ministère face à cette situation.

Dans le droit fil du dernier CSN, le SIEN exigera un dialogue avec les représentants du MEN en charge de l’école inclusive. Plus qu’un simple échange sur la perception de cette mise en œuvre, il s’agit que le MEN puisse prendre la mesure de la situation pour pouvoir y répondre de façon concrète et responsable. L’école inclusive dans sa mise en œuvre actuelle, qui ne semble reposer que sur l’augmentation sans fin de l’aide humaine, constitue un axe de mobilisation syndicale légitime.

 

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