Danger

La perspective d’une réouverture des écoles et des établissements scolaires crée de fortes tensions pour l’ensemble des acteurs du système éducatif. La situation est particulièrement délicate, car elle génère des inquiétudes et d’évidentes frustrations.

COVID 19 :  Reprise des cours sous tension

Deux grands principes peuvent guider le positionnement des inspecteurs confrontés à cette situation : tout d’abord, nous rappelons que ce ne sont pas les services de l’Éducation nationale, mais les services sanitaires et de santé qui sont compétents pour déterminer les conditions matérielles de la mise en œuvre de cette réouverture, ensuite, nous insistons sur notre préoccupation d’organiser un dispositif éducatif aussi efficace et juste que le permettra une situation aussi difficile que celle que nous connaissons.

Le premier principe a plusieurs conséquences :
- les inspecteurs n’ont aucune compétence pour définir ou pour valider les modalités organisationnelles mises en place dans les établissements et les écoles ; ils ne peuvent que s’assurer qu’elles soient mises en œuvre ;
- ils ne sont pas davantage en capacité d’imposer un retour en classe pour un enseignant ou pour un élève ;
- ils n’apporteront aucun conseil ou préconisation susceptibles d’interférer avec les consignes données par les autorités compétentes, ni auprès des équipes pédagogiques ni en direction des usagers ou des collectivités territoriales.

Le second impacte directement ce qui relève de notre responsabilité : garantir les meilleures conditions pédagogiques pour contribuer à la réussite scolaire de tous les jeunes. Il est clair que cette tâche sera particulièrement complexe et mobilisera toute notre énergie. Il faudra en effet imaginer de nouvelles modalités de travail qui poseront de redoutables problèmes et qui nécessiteront un engagement particulièrement fort de tous les enseignants. L’articulation entre enseignement en présentiel et poursuite de l’utilisation du numérique pour assurer la continuité pédagogique en direction des élèves qui, pour diverses raisons, ne viendront pas à l’école. Il faut d’ores et déjà prendre conscience que l’enseignement qui sera proposé au cours de cette phase de reprise n’aura que peu de points communs avec ce que nous connaissons habituellement. De la même manière, il serait totalement illusoire de penser qu’en septembre tout recommencera « comme avant ». La crise sanitaire est génératrice d’une profonde crise éducative. Dans ce contexte, nous insistons une fois encore sur le concept d’École de la confiance. Confiance aux élèves, confiance aux enseignants, confiance aux personnels d’encadrement. Ce n’est que par cette démarche qu’il sera possible de répondre à l’extrême variété des situations que nous voyons émerger sur le terrain. La tâche sera sans doute difficile, mais il faudra que le ministre et la hiérarchie locale apprennent à faire confiance aux compétences reconnues et à l’engagement salué des acteurs de terrain.

Dans les semaines qui viennent, le respect des consignes sanitaires, la souplesse et l’intelligence collective seront les clés d’une réouverture progressive et sereine des structures d’enseignement. L’articulation entre le travail des enseignants et celui des acteurs de l’Éducation populaire sera indispensable pour entretenir chez les élèves la confiance en eux et le désir d’apprendre. À la rentrée de septembre, le challenge sera colossal et les inspecteurs devront accompagner au plus près des équipes pédagogiques.

Dans un tel contexte, il faudra éviter tout ce qui serait perçu comme du formalisme ou de la défiance. Le SI.EN UNSA sera attentif au respect du travail des inspectrices et des inspecteurs. Enquêtes ou plans de formation nationaux ne seront en rien notre priorité. Nous œuvrerons comme à notre habitude au service d’une École plus juste et plus efficace, afin de contribuer à la réduction des inégalités renforcées par la crise que nous traversons.