Ce temps d’échange entre les fédérations et le ministère avait pour objectif de faire le point sur la situation actuelle et de préciser les conditions de mise en œuvre de l’enseignement à la reprise de janvier. Deux points majeurs pour les inspecteurs : d'une part le recentrage des missions sur l'accompagnement des équipes et la continuité pédagogique en allégeant d'autres tâches comme la formation et l'évaluation des établissements, d'autre part la possibilité de recrutement de vacataires administratifs dans les circonscriptions du 1er degré.
06-01 : lire les questions/réactions des collègues
Préparation de la reprise de janvier 2022, une situation complexe...
Dans un premier temps, Thierry Ledroit, directeur de cabinet du ministre de l’éducation nationale, tire le bilan du 1er trimestre et trace les perspectives pour la suite de l’année scolaire.
Au cours du 1er trimestre, les protocoles ont évolué au fil de l’évolution des conditions sanitaires. En général, chaque évolution a été mise en œuvre avec un temps de latence d’une semaine pour permettre aux personnels de mieux gérer les transitions.
Malgré une augmentation de cas au cours de la dernière quinzaine de décembre, la gestion de la situation globale pouvait être considérée comme globalement satisfaisante (ou, a minima, moins pénalisante que ce qui pouvait être constaté dans d’autres pays européens).
En décembre :
11 000 classes fermées (au maximum)
3 000 classes fermées en dernière semaine (modification du protocole)
10 à 12 000 cas d’élèves confirmés au plus haut de la crise ; un léger reflux commençait à apparaître en dernière semaine.
Il n’y aura pas de changement du niveau de protocole lors de la reprise de janvier. Différents points seront actualisés au niveau de la FAQ.
Le variant Omicron possède des caractéristiques particulières qui pourrait déboucher sur une évolution de la gestion des cas contacts. Des avis de la haute autorité de santé ont été sollicités et devraient être rendus d’ici la fin de la semaine.
Il y a un enjeu fort à renforcer le dépistage dans les écoles. Des consignes ont été données aux recteurs hier. La continuité pédagogique reste une priorité. Une possible difficulté de remplacement des enseignants est à craindre ; des contractuels pourraient être recrutés. Par ailleurs, l’enseignement à distance pourra être mobilisé si nécessaire. Des contacts ont été pris avec les collectivités pour s’assurer de la disponibilité des solutions.
La question de l’équipement en capteurs CO2 est une préoccupation importante à laquelle les recteurs, les préfets et les collectivités ont été sensibilisés. Ce point sera suivi avec beaucoup d’attention par le ministère.
La parole est ensuite donnée aux fédérations qui expriment de fortes réserves sur l’optimisme apparent du directeur de cabinet et posent des exigences en matière de sécurité sanitaires (fortes attentes sur la mise en place des capteurs de CO2, demande de dotation des enseignants avec des masques FFP2, souhait de retour sur la fermeture de classe dès l’apparition d’un cas de COVID, demande de clarification sur la définition et la gestion des cas contacts).
Intervention de l’UNSA Education
Une tension très forte est à craindre pour cette rentrée. Il faut souligner une grande inquiétude des personnels qui ont le sentiment qu’on refuse de voir la réalité du fonctionnement des écoles, des collèges et des lycées.
Tous les acteurs du monde l’éducation ont conscience de l’importance du lien avec les élèves et en particulier avec ceux les plus fragiles. Mais une désorganisation totale alliant à la fois présentiel et distanciel pour des mêmes classes ou groupe d’élèves change profondément la donne et peut être contreproductive.
Si nous ne demandons pas à ce que la rentrée soit repoussée, nous soutenons que le maintien « coute que coute » de l’ouverture des établissements ne peut pas être un dogme. Il faudra savoir fermer si nécessaire afin de casser d’éventuels clusters. Il n’est pas possible de faire un totem du refus de la fermeture des écoles, collèges et lycées.
La situation suscite de l’inquiétude chez les personnels qui ont l’impression qu’on ne prend pas la mesure de l’accroissement de l’épidémie et que, du coup, on va devoir se retrouver à désorganiser plus longtemps, voire à fermer.
Les personnels expriment aussi le sentiment de ne pas être écoutés et pris en compte dans la réalité du fonctionnement quotidien. A quelques jours de la rentrée, il subsiste beaucoup trop de flou et des craintes de désorganisation liée à l’incapacité à assurer l’accueil des élèves avec les problèmes de remplacement qui semblent inévitables.
Il est fondamental de prendre des mesures pour protéger les personnels et les élèves :
• qualité de l’air, généralisations des capteurs CO2 et des purificateurs d’air là où c’est nécessaire, aménagement des cantines
• masques chirurgicaux ou ffp2 et autotests pour les personnels, accès prioritaire 3ème dose de vaccins
• prise en compte des personnels vulnérables et octroi d’ASA si nécessaire.
Pour ce qui a trait au dépistage, le cadrage de politique des tests itératifs doit être défini nationalement avec une approche de politique de santé publique et non être laissé à l’appréciation locale. Il faut se donner les moyens de cette politique de tests si on veut qu’elle soit efficace. En ce qui concerne les dépistages réactifs, il faut de la clarté pour casser les chaines de contamination. Il pourrait être envisagé de rendre obligatoire le test à J+7 qui est recommandé seulement aujourd’hui.
Les médecins de l’éducation nationale insistent sur la nécessité de s’appuyer sur les recommandations de Santé Publique France.
Nous demandons des règles claires et précises en matière de règles pour les cas contacts et le tracing. Quel protocole pour la gestion des cas contacts et des fermetures de classe lundi ? à l’école ? au collège, au lycée ? Que fait-on en cas de variant Omicron ? Les règles semblent différentes selon les ARS, alors qu’il serait souhaitable de disposer de consignes nationales transmises directement.
La question de la gestion des cantines constitue aussi une préoccupation importante. Elle peut être articulée avec l’ensemble des activités menées hors la classe, comme en particulier l’EPS pour laquelle il conviendrait de disposer de règles précises.
La gestion de la crise sanitaire n’impacte pas que les écoles et les établissements, mais concerne plus globalement l’ensemble des personnels. Dans ce contexte, il est indispensable que la circulaire de la fonction publique sur la préconisation du télétravail soit appliquée dans notre ministère, en particulier dans les services académiques. Un message politique clair en ce sens mériterait d’être transmis dans les rectorats.
Réponses et conclusion du directeur de cabinet
Le contexte de rentée est encore incertain à ce jour. Les décisions se prennent dans un cadre interministériel en prenant en compte les avis exprimées par les diverses autorités de santé. Ces avis seront particulièrement importants pour définir la stratégie de mise en place des tests.
Tout ce qui doit être actualisé le sera au plus vite. Toutes les réunions professionnelles prévues doivent avoir lieu en distanciel. Tous les personnels doivent recentrer leur action sur la gestion au quotidien de la crise et de la mise en place de la continuité pédagogique. Tout ce qui ne relève pas de ces champs de priorité doit être suspendu. Des vacataires administratifs pourront être recrutés pour les circonscriptions du premier degré, en fonction des besoins constatés.
Les collectivités ont affirmé leur capacité à gérer l’équipement et la capacité à aérer les salles d’enseignement. Une certaine lenteur étant toutefois observée, les préfets ont été sollicités pour accélérer le processus.
Des masques transparents ont été livrés pour la maternelle et le CP.
Il n’y aura plus de différences dans la gestion de l’isolement des personnels en fonction du variant. Toutes les lieux et manifestations « de convivialité » seront prohibés en milieu professionnel.
Pour le moment, les autorités de santé n’ont pas exprimé leur avis sur la pertinence d’une troisième dose pour les 12-17 ans.
Prochaine réunion prévue la semaine prochaine (date à préciser)
Observations générales
Une fois encore, force est de constater un écart considérable entre l'optimisme affiché par les responsables du ministère et l'inquiétude exprimée par les représentants syndicaux qui portent la parole et le malaise des personnels. Dans ce contexte particulièrement difficile, les inspecteurs de toute spécialité et quel que soit leur niveau d'intervention devront accompagner les équipes pédagogiques pour essayer de maintenir une relative sérénité au sein du système éducatif. Cette priorité absolue imposera de mettre entre parenthèses d'autres demandes, comme celles relatives aux enquêtes diverses et variées, mais aussi celles ayant trait à l'évaluation des établissement ou au suivi de l'enseignement dans les familles. Cette contrainte semble bien prise en compte par le ministère ; nous nous assirerons qu'elle est bien mise en oeuvre sur le terrain.
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Réactions / questions
Question :Par rapport aux priorités des actions à mettre en œuvre, qu´en est-il des certifications? par exemple du CAFIPEMF ?
Réponse :Le principe général qui est posé est celui d’une focalisation de l’ensemble des personnels sur la problématique de la continuité pédagogique. Il convient toutefois de réfléchir dans ce cadre à ne pas mettre en place des blocages radicaux qui, à terme, nous mettraient en difficulté. Evidemment, les réunions en présentiel sont à éviter autant que possible, mais rien n’interdit de mettre en place des actions qui étaient prévues en amont, si elles n’ont pas d’impact négatif sur la capacité du système à garantir la meilleure continuité pédagogique possible pour les élèves. Par exemple, aucune action de formation ne peut conduire à mobiliser un moyen de remplacement qui pourrait être utilisé pour assurer une présence devant élèves ; en revanche, une visioconférence hors-temps scolaire avec des enseignants volontaires pour y participer peut être maintenue. |