Autonomie

A chaque élection présidentielle, l'avenir de notre École républicaine se trouve remis en question, car il est parfaitement légitime que chaque candidat souhaite rendre l’École plus « performante » afin de mieux préparer nos enfants au monde de demain.

Quelles marges d'autonomie pour les acteurs au sein du système édcatif ?

Même si des progrès considérables ont été réalisés au cours des dernières décennies, l’École est un système complexe qui doit en permanence s’adapter aux attentes d’une société en perpétuelle évolution.

Mais derrière un consensus apparent pour rendre l’École « plus juste et plus efficace », se cachent des propositions très différentes qui traduisent des conceptions radicalement opposées.

Parce qu’ils exercent leurs missions au cœur du système éducatif, les inspecteurs se doivent naturellement de participer à ce débat afin d’apporter leur éclairage sur des enjeux fondamentaux de notre contrat social.

Le pilotage du système

Alors qu’aucun candidat ne remet en cause le caractère national du système éducatif, il apparaît légitime que l’État assume pleinement ses responsabilités en veillant notamment à assurer sur l’ensemble du territoire une offre éducative de qualité répondant aux objectifs fixés par le Parlement.

Ces objectifs doivent s’inscrire dans les deux principes fondamentaux de la République :

l’égalité qui doit donner explicitement à l’École une mission de réduction des inégalités sociales ;

la fraternité qui doit faire prévaloir la coopération plutôt que la compétition, dans le respect et la valorisation des différences.

Ensuite, la bonne marche de l’institution exige une parfaite coordination entre les services déconcentrés de l’État et les collectivités territoriales qui ont la charge du fonctionne-ment des établissements.

Le rôle de l’État

Il appartient à l’État de fixer les grandes orientations de sa politique éducative à travers les programmes d’enseignement, l’organisation des enseignements, le recrute-ment des personnels, l’accompagnement, le contrôle et l’évaluation de ses actions.

Trois corps de fonctionnaires jouent un rôle essentiel dans ce dispositif : les chefs des services déconcentrés (Recteurs et DASEN), les inspecteurs et les chefs d’établissement.

En veillant à la mise en œuvre de la politique éducative et en inspectant les personnels enseignants, les inspecteurs sont au cœur du pacte républicain, car ils représentent le seul moyen de garantir non pas l'uniformité d'un service, incompatible avec sa dimension humaine, mais sa qualité, son adaptation aux besoins des enfants et les régulations immédiates lorsque des dysfonctionnements sont constatés.

C'est cette évaluation régulière qui constitue pour les parents l'assurance que le service public répond bien aux besoins de leurs enfants et c'est ce constat qui permet de fonder des relations de confiance entre l'École et les familles.

L’autonomie des acteurs

La mise en œuvre de la liberté, premier principe de la devise de la République, se traduit naturellement dans le degré d’autonomie reconnu aux différents acteurs, mais dans un cadre nécessairement contraignant.

Ainsi l’enseignant doit inscrire son action dans le cadre d’un travail d’équipe, tout comme le chef d’établissement doit agir de manière coordonnée avec la collectivité locale et dans le cadre d’un conseil d’administration.

Le degré d’autonomie actuel des établissements est un point d’équilibre entre le caractère national de l’enseigne-ment, la liberté pédagogique des enseignants et la complémentarité des rôles avec les collectivités locales.

Il est évident que rendre les établissements plus autonomes comme le souhaitent certains candidats est un dogme libéral qui n’offre en réalité aucune garantie d’une meilleure réussite des élèves.

De la même façon, les dispositifs d’évaluation externe, tout comme ceux associant l’ensemble des partenaires, ne présentent aucune garantie d’une meilleure performance, car ils répondent à une logique concurrentielle incompatible avec nos principes fondamentaux.