Si lors de la dernière élection présidentielle, le thème de l’École était relativement secondaire, il est évident que cette fois, tous les candidats s’en sont emparés et qu’ils ont tous été de leurs propositions.
Quelle évaluation du système éducatif ?
Oui, notre École va bien !
Les résultats aux évaluations internationales le prouvent plaçant les jeunes français au niveau des pays de l’OCDE, et ce depuis la création en 2000 de l’enquête PISA, tant en compréhension de l’écrit qu’en mathématiques et en sciences. Mais les inégalités restent fortes et très corrélées à la situation sociale des parents. Et malgré les quelques efforts réalisés dans les écoles REP, les moyens continuent d’être très défavorables dans le premier degré en comparaison avec nos voisins les plus proches.
Non, l’École ne va pas si mal !
Preuve en est, les résultats, non plus seulement des jeunes, mais de la population des adultes de 16 à 65 ans. Cette enquête internationale est menée tous les 10 ans dans plus de 40 pays dans le cadre du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PIAAC) et elle mesure les compétences cognitives et professionnelles clés nécessaires pour que les individus participent à la société et qu’ainsi les économies prospèrent. Comme le dit Eric Charbonnier, spécialiste éducation de l’OCDE, « les mauvaises performances de la France sont en bonne partie imputables aux résultats des 45-65 ans, tandis que les 16-44 ans obtiennent des scores plus proches de la moyenne. »
L’École d’aujourd’hui va bien
Elle va bien pour peu que l’on ait le courage de regarder en arrière et d’examiner ce qu’elle était naguère. Pour s’en convaincre, il suffit de savoir que juste avant la seconde guerre mondiale, la moitié des élèves sortaient du système éducatif sans aucun diplôme et que seuls 3% d’une classe d’âge avait le baccalauréat. Et que les nostalgiques du certificat d’études regardent d’un peu plus près les épreuves, ils y verront que la lecture ne comptait que pour 5 points sur 100 et qu’elle consistait en la lecture à haute voix d’un texte simple d’une dizaine de lignes suivie de 3 questions ! Qu’ils pensent aussi aux 80% qui n’allaient pas au collège et qui n’ont jamais lu Molière, Victor Hugo ou Zola, qui ne savaient pas ce qu’était l’algèbre, qui n’avaient jamais appris ni l’anglais ou l’allemand, encore moins le latin ou le grec, et qui n’avaient jamais étudié ni l’Antiquité ni l’histoire des grandes puissances mondiales.
Mais l’École pourrait aller mieux encore
Bien que le nombre d’heures d’enseignement annuel soit dans la moyenne des pays de l’OCDE, la France est le seul pays à avoir mis en place la semaine de 4 jours et à avoir instauré un système de vacances correspondant en priorité aux intérêts des professionnels du tourisme. À quand une politique courageuse qui prendrait réellement en compte les besoins et les capacités d’attention des élèves ?
Les évaluations internationales montrent que nos jeunes manquent de confiance en eux. Or, on sait que notre système de notation est caractéristique de la France et qu’il est nettement plus sévère qu’à l’étranger. L’exemple flagrant est celui des professeurs des classes préparatoires qui n’ont aucun complexe de ce point de vue. Un professeur d’université français considère que 14/20 dans un devoir d’histoire est une excellente note, pour un étudiant italien, 16/20 est une catastrophe.
Par ailleurs, des évaluations individuelles mettent en évidence la réussite des uns et l’échec des autres. Elles entraînent un sentiment de frustration voire de découragement et de dégradation de l’estime de soi.
Les inspecteurs sont des experts
tout à fait capables d'aider les enseignants à organiser et à évaluer le travail de groupe en utilisant notamment la coopération et le tutorat ; toutes pratiques qui amènent les élèves à discuter, à donner leur avis, à échanger des points de vue, bref à développer des valeurs qui feront des adultes plus ouverts et moins individualistes.
En définitive
Contrairement au discours ambiant volontairement pesimiste, nous affirmons que notre École va bien mieux que dans le passé ! De notre point de vue, on peut améliorer son fonctionnement, d’une part en modifiant radicalement son organisation annuelle et hebdomadaire, d’autre part en incitant les enseignants à mettre en place une gestion de classe moins compétitive et plus collaborative.