Dans un contexte géopolitique aussi tendu que celui que nous vivons, force est de constater que le débat éducatif est passé largement inaperçu pendant cette campagne présidentielle. Sans doute ne pouvons-nous guère nous en étonner, mais comment ne pas regretter le manque de hauteur de vue manifeste des différents candidats ? Entre la nostalgie du bon vieux temps et les tentations ultralibérales, ce sont plus des dogmes que des programmes qui nous sont aujourd’hui proposés.
Mise à jour le 13-04 : Le projet de Mme LE PEN pour l’École
Débattre aujourd'hui pour l'école de demain !
Il y aurait pourtant matière à s’inspirer de ce qui s’est passé pendant la crise sanitaire du COVID. En effet, ce ne sont pas les écoles ou les établissements seuls qui ont été en mesure de mettre en place des mesures adaptées à des situations aussi variables que complexes, pas plus que le national ne pourrait prétendre que les modalités globales qu’il a définies auraient suffi à maintenir un enseignement aussi satisfaisant que possible. Une nouvelle fois, la hiérarchie intermédiaire, inspecteurs et chefs d’établissement, avec tous les personnels qui les accompagnent, a su se mobiliser pour jouer le rôle d’interface sans lequel le système éducatif a tant de mal à maintenir le cap.
Pourtant, une fois encore, il nous faut défendre les nécessaires marges d’autonomie des inspectrices et des inspecteurs qui sont trop souvent perçus comme de simples courroies de transmission ayant pour vocation de mettre en place les réformes nationales, sans marges ni souplesse. Cette vision technocratique de notre métier risque d’être renforcée par les mesures envisagées par les politiques de tout bord, mesures qui ne définissent en rien un programme, mais relèvent simplement d’une idéologie nourrie de fantasmes utopistes ou technicistes.
L’absence de débat éducatif ne sera pas sans conséquence sur l’avenir proche. Nous aurons en effet à défendre l’intelligence d’un système et l’engagement de ses acteurs, contre les visions totalitaires et simplistes de ceux qui pensent qu’un « y’a qu’à » constitue un viatique suffisant pour répondre à toutes les situations que vivent les équipes pédagogiques. Pourtant, dans un monde où l’incertitude le dispute à l’inquiétude, nous aurons à accompagner ces équipes de terrain afin de les aider à porter l’ambition d’une nouvelle forme éducative, adaptée aux évolutions d’une société remodelée par le numérique et l’information. Nous savons tous que le rapport au savoir évolue à une vitesse impressionnante, mais la classe politique persiste à penser l’enseignement de manière totalement descendante. Pire, quand notre société évolue vers des lendemains où la solidarité et la coopération seront indispensables, certains persistent à renforcer la compétition en prétendant promouvoir la compétitivité. Le rapprochement sémantique de ces deux concepts ne relève pas que de l’abus de langage, mais de la mauvaise foi la plus évidente.
Dans la période difficile qui se prépare, les inspectrices et les inspecteurs pourront toujours compter sur le SI.EN UNSA pour les défendre, mais aussi pour défendre les valeurs qui nous lient au sein de notre organisation syndicale et de notre fédération. C’est le message que nous avons voulu faire passer dans le débat éducatif que nous proposons sur notre site et auquel nous proposons à tous ceux qui le souhaitent de participer pour contribuer à la défense de notre École et l’avenir de notre société.