L'ANCP a invité le SI.EN UNSA à intervenir dans le cadre de son congrès de Marseille dont le thème était "S'approprier les territoires : vers une construction collective et individuelle".
Intervention du SI.EN UNSA au congrès de l'ANCP
La présidente de l'ANCP a rappelé en amont des interventions, afin de ressurer les participants de différentes sensibilités syndicales, que tous les syndicats avaient été invités. Avaient répondu présents : pour les enseignants, le SE-UNSA, le SNUIPP-FSU le SGEN-CFDT et pour les inspecteurs, le SI.EN UNSA, représenté par Patrick Roumagnac.
Intervention du SI.EN UNSA
Mesdames et Messieurs, C’est à la fois un plaisir et un honneur pour le SI.EN UNSA d’intervenir dans votre congrès. Je vous y apporte le cordial et fraternel salut de nos adhérents. Le destin et le fonctionnement des inspecteurs du premier degré et des conseillers pédagogiques sont tellement fusionnels qu’il est souvent plus pertinent d’évoquer le concept d’équipe de circonscription plutôt que de distinguer les missions des uns et des autres quand on veut réellement comprendre le fonctionnement de l’École. C’est en effet en équipe que nous œuvrons collectivement pour une école de toutes les réussites. Notre ambition partagée est forte et nous sommes tous conscients du rôle majeur qui nous est confié, mais nous partageons aussi, malheureusement, une charge de travail si conséquente qu’il nous est parfois bien difficile de prendre le temps de « lever le nez du guidon » pour prendre le recul nécessaire à l’analyse des besoins des équipes pédagogiques et à la réflexion sans laquelle nous ne pourrions proposer que du « prêt à enseigner », illusoire cautère qui n’aidera jamais ceux qui vivent l’école comme une fatalité et ne parviennent pas à en percevoir les vertus émancipatrices. Bien sûr, nous ne pouvons que nous féliciter des déclarations réitérées du ministre qui affirme l’urgente priorité qui doit être accordée au premier degré. Nous acquiesçons itou au dédoublement des classes de CP et bientôt de CE1 dans les secteurs relevant de l’éducation prioritaire. Nous approuvons le souci de mieux définir les contenus et les objectifs de l’école maternelle, et tout particulièrement de la grande section. Les évaluations nationales sont aussi des outils dont nous sommes persuadés qu’ils peuvent aider les enseignants… Mais toutes ces mesures supposent une formation renforcée des personnels et à cet égard, nous ne voyons guère les choses évoluer. Le SI.EN UNSA affirme depuis fort longtemps qu’il est urgent de revoir les modalités de mise en œuvre de la formation. Leur organisation actuelle, directement hérité des conceptions descendantes du XIXe siècle est devenue aussi insupportable qu’inefficace. Il est grand temps de reconnaître les remarquables compétences des équipes pédagogiques et de s’appuyer sur elles pour concevoir des actions de formation répondant mieux aux enjeux de notre système éducatif. Seul obstacle, mais non des moindres, l’École de la confiance que notre ministre appelle de ses vœux reste encore un concept flou, si ce n’est évanescent ! Où est la confiance quand des consignes autoritaires font fi de la connaissance du terrain qui est celle des équipes de circonscription ? Qu’est-ce que la confiance quand les plans de formation travaillés en amont avec les enseignants des circonscriptions sont remis en cause en dernière minute au nom d’une vision ultracentralisatrice et étroitement focalisée sur la lecture et les mathématiques, alors que nous savons tous que nous travaillons les compétences en maîtrise de la langue et en mathématiques à travers la quasi-totalité des enseignements ? Comment mettre en œuvre la confiance quand les outils numériques mis à notre disposition pour encadrer les formations locales sont plus caractérisés par leur caractère chronophage et modélisant que par leur capacité à faciliter le travail des équipes de circonscription ? Nous ne devons pas oublier par ailleurs que la mise en place de l’École de la confiance ne peut pas constituer en elle-même un objectif pertinent. Elle n’est qu’une stratégie pour construire l’École de l’initiative, de l’ambition et, in fine, de la réussite. Ce que nous réclamons instamment aujourd’hui, c’est une plus grande liberté, une réelle confiance, pour œuvrer utilement au service des enseignants et des élèves. Malheureusement, nos marges d’autonomie semblent de plus en plus étroitement encadrées et notre « confiance » en l’avenir est sérieusement écornée quand nous voyons le triste et récent exemple du manque de clarté dans la mise en place du projet des établissements publics des savoirs fondamentaux. Retiré initialement du projet de loi, puis réintroduit sous forme d’un amendement, supprimé par le Sénat et après ?... Les va-et-vient hésitants sont un terreau propice à l’émergence des rumeurs les plus folles. Fake-news ? Peut-être, mais qui en est responsable ? Ceux qui les font courir ou ceux qui ne semblent pas capables d’afficher clairement leurs ambitions et les procédures envisagées pour déployer un tel projet ? Dans le cadre d’une audience, le ministre nous a assuré que cette mesure n’avait d’autre finalité que de faciliter l’émergence de projets locaux. Si tel est le cas, pourquoi ne pas l’afficher clairement et ne pas rédiger le texte de manière explicite et non ambiguë ? Non, décidemment, l’École de la confiance est sans doute une étape indispensable, mais elle n’est pas encore atteinte ! Devons-nous dès lors baisser les bras et marmonner dans notre coin, ou vitupérer contre toute mesure dès lors qu’elle est portée par le ministère ou l’administration centrale ? Sans doute pas !... Mais, de manière obstinée et ferme, nous devons défendre notre vision d’une école de la confiance pour tous et de la réussite pour chacun. Je ne doute pas que votre congrès sera en mesure de tracer des pistes en ce sens et vous invite d’ores et déjà à venir en débattre avec le SI.EN UNSA dans le cadre de son congrès qui se réunira à Paris du 15 au 17 octobre et dont le thème sera : « Quel pilotage pour une école de toutes les réussites ? ». Je vous remercie et vous souhaite, au nom de toutes les inspectrices et de tous les inspecteurs du SI.EN UNSA de fructueux travaux… et de délicieux moments d’échanges dans cette cité à bien des titres inspirante ! |