Le 6 novembre dernier, Georges Fotinos et José Maria Horenstein ont invité la presse et les syndicats de l’UNSA à une restitution des résultats de la 3e enquête sur les personnels d’encadrement de l’Education nationale.
Des relations apaisées entre IEN et directeurs
Après les inspecteurs et les chefs d’établissement, cette enquête concernait cette fois-ci les directeurs d’école. Plus de 7300 directeurs ont répondu à cette enquête qui montre des évolutions notables par rapport à la précédente enquête qui datait de 2004.
Parmi les éléments marquants, certains sont plutôt positifs : La considération des élèves, la solidarité de l’équipe d’enseignants envers leur directeur, le soutien des collègues, l’affirmation des valeurs de laïcité au sein de l’école, le sens et l’intérêt que les directeurs portent à leur travail.
De même, les relations avec les inspecteurs du premier degré se sont fortement améliorées depuis 2004 : 68% des directeurs affirment que les IEN sont à leur écoute (en 2004, ils n’étaient que 37% à le penser) et 66% considèrent la relation avec leur hiérarchie comme plutôt bonne.
Les éléments négatifs sont d’autant plus marquants qu’ils tranchent avec les enquêtes précédemment conduites par G. Fotinos et J.M. Horenstein sur le moral des inspecteurs et celui des personnels de direction.
Un malaise de plus en plus palpable
Le manque de reconnaissance sociale pour 88% d’entre eux, mais aussi la méconnaissance de leur métier par l’IA sont fortement cités. Plus grave encore, le « moral » des directeurs est considéré comme mauvais ou moyen à plus de 66% (il n’était que de 58% chez les personnels de direction). Les directeurs ont le sentiment (à 86%) d’une forte « déresponsabilisation » de leur profession (ils n’étaient que 54% en 2004).
Les relations avec les parents se sont plutôt dégradées au fil des années (48% de réponses négatives contre 30% en 2004), tout comme les relations avec les mairies (41% contre 21% en 2004) ; ceci pourrait correspondre à la mise en place des rythmes scolaires qui a généré beaucoup de conflits locaux.
Autre élément marquant, tout ce qui touche aux phénomènes de violence au sein des écoles : entre 2004 et 2018, on note une forte augmentation des insultes et du harcèlement, une croissance des agressions physiques ainsi que des agressions commises par les parents et une forte croissance des phénomènes d’ostracisme (24% des directeurs en sont victimes de la part de leurs collègues enseignants). Sur ce dernier point, les inspecteurs devraient avoir un rôle important à jouer.
D’autres éléments ressortent de l’enquête : si la laïcité reste une valeur forte de l’école, l’affermissement des valeurs républicaines s’est plutôt dégradé pour les directeurs qui constatent parallèlement (pour plus de 44% d’entre eux) une dégradation de la mixité scolaire.
Dans l’analyse effectuée par José Mario Horenstein sur la question de l’épuisement professionnel des directeurs, on note que celui-ci est beaucoup plus important chez les directeurs (38%) que chez les inspecteurs (26%). Plus inquiétant encore, l’étude montre que le risque de burn out est de 23,4% chez les directeurs d’école quand il est de 14,5% chez les chefs d’établissement et de 9,3% chez les inspecteurs.
Des évolutions indispensables
En conclusion, les propositions d’évolution qui semblent nécessaires pour les directeurs concernent en premier lieu la reconnaissance d’un statut pour cette fonction, ce qui suppose bien évidemment une évolution dans le comportement de la hiérarchie à leur égard. Dans ce domaine, les IEN reconnaissent eux-mêmes que « le statu quo n’est plus envisageable ».
Ce qui ressort ainsi de l’enquête Fotinos/Horenstein, c’est que le positionnement des directeurs d’école, à mi-chemin entre enseignant et responsable d’encadrement, n’est plus tenable et se révèle source de stress. Plus de 80% des directeurs souhaitent en effet que la structure de l’école évolue et indiquent leurs choix prioritaires : en premier un statut de directeur, en second un statut d’établissement public pour l’école, en troisième position le développement des décharges.
Pour les IEN du premier degré, il est plus que temps de prendre en compte cette nouvelle perspective. Rappelons en effet que les résultats de l’enquête Fotinos sur le moral des inspecteurs montraient que l’une des causes les plus importantes de stress et d’épuisement professionnel des IEN du premier degré résidait notamment dans cette dualité entre responsable de circonscription et mission d’inspecteur.