Voie Pro

Afin d'anticiper la réflexion sur le devenir de la formation professionnelle, le SI.EN-UNSA a rencontré le DGESCO pour lui faire part de nos analyses et propositions.


Nous avons tout d'abord précisé que ces propositions résultaient de la mise en place d'un groupe de travail constitué d'inspectrices et d'inspecteurs du second degré dans toutes les spécialités que nous représentons. Le 18 octobre 2017, dans un esprit progressiste et d'ouverture, nous avons donc présenté l'état actuel de notre réflexion, tout en précisant qu'il restait susceptible d'évoluer en fonction des échanges que nous entendons poursuivre avec l'ensemble des syndiqués, mais aussi avec nos partenaires. Nous avons réclamé de participer activement aux travaux de réflexion qui devraient s'ouvrir.

Les propositions qui ont été élaborées dans un dialogue tant au sein de notre Bureau national qu'au sein des académies, par le relais des délégués académiques du 2nd degré sont présentées ci-dessous. Nous engageons tous les syndiqués qui le souhaitent à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. de ce document.

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Comment intégrer la dynamique Bac – 3 / Bac + 3 pour une formation d’excellence aux métiers de demain ?

D’UN POINT DE VUE SYSTEMIQUE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE, LE SI.EN-UNSA PROPOSE : 
  1. Un enseignement professionnel pour tous, dès le cycle 4
  • Des champs d’exploration
Afin de rendre chaque jeune acteur de son parcours, il s’agit de remplacer l’enseignement de la technologie dès la 5e par des champs d’exploration professionnels (cf. les champs professionnels en SEGPA).
  • Engager le projet social de chaque jeune
Privilégier l’engagement, l’initiative et la démarche de projets de tous les élèves dès la 5e , avec le parcours Avenir.
  • Un collège qui accompagne
Il est nécessaire de supprimer la 3e préparatoire aux enseignements professionnels, trop perçue comme une voie d’orientation et trop étiquetée comme une classe réservée aux élèves en difficulté scolaire.
  1. Un lycée qui favorise les mixités, pour une formation tout au long de la vie
  • Des lycées organisés par filières et associant deux pôles
Selon le modèle des campus des métiers et des qualifications, ceux-ci intègrent formation à temps plein, apprentissage, formation continue.Ceci implique une formation dorénavant selon deux voies : la voie générale et la voie professionnelle (celle-ci étant organisée autour de deux grands pôles : sciences et techniques industrielles, sciences et techniques tertiaires).
  • Une logique de continuité des parcours
Des lycées qui s’inscrivent dans la logique Bac – 3 / Bac + 3, de la 2nde à L3, voire au-delà, Bac + 8.
  • Des lycées en lien avec la recherche fondamentale et expérimentale, intégrant les notions de ville durable et d’intelligence artificielle.
  • Des lycées qui mixent les publics (une mixité des statuts, dans l’optique d’une formation tout au long de la vie mais aussi une mixité sociale, de genre, etc.). L’ensemble des synergies doit exister et coopérer, sur un même site.
  • Des lycées de proximité qui répondent à cette attente du public.
  • Des espaces communs et des lieux de vie conviviaux (salles de sport, internat, etc.) pour assurer le bien-être à l’école doivent être inventés.
  1. Des parcours de formation structurés
  • Deux paliers à l'issue du collège
Niveau 1 - Découverte des métiers durant un an + mise à niveau culture générale.
Niveau 2 – Poursuite d’études vers le CAP en un an, le Bac Pro en deux ans ou retour en voie générale.A l'issue du CAP, le choix doit être fait entre une insertion professionnelle ou une poursuite en Bac Pro (un an ou deux ans).Les élèves titulaires d’un Bac pro doivent être prioritaires pour une entrée en BTS.
  • Des modules communs de formation en 2nde
Les métiers auxquels on prépare les jeunes n'existeront peut-être plus dans 20 ans. Il faut donc donner aux jeunes les éléments pour qu'ils puissent continuer par la suite à se former. L’alternance permet la concrétisation de ces compétences dans un emploi.Ces modules pourront être basés tant sur une culture générale et des compétences transversales et transférables (apprendre à apprendre, savoir s’adapter, compétences comportementales, etc.),  que sur ce qui relève d’une culture d’entreprise et de l’esprit d’entreprendre.Il faut également doter chaque lycéen de la capacité à tenir une réflexion éthique et politique, en matière professionnelle.
  • Des modules d’exploration
Dans le cadre des modules communs et obligatoires, on proposera des modules d’exploration professionnelle (un dans le domaine des services et un dans le domaine de la production), intégrant les enseignements généraux pour leur donner du sens. L’enseignement général doit être le garant des connaissances de base fondamentales et solides, dans un monde professionnel en constante évolution. Cet enseignement permet de réduire les inégalités et favorise une employabilité sur le long-terme. Il est nécessaire donc de proposer une formation générale suffisamment élevée qui permette aux jeunes de s’adapter au marché de l’emploi et d’être performants pour s’insérer professionnellement.
  • Un tronc commun mixant statut scolaire et apprentissage  
Les élèves / apprentis pourront alterner leur formation en fonction des apprentissages proposés par les entreprises.Une formation de qualité constituant un levier pour les compétences, la voie professionnelle doit pouvoir organiser l'apprentissage, donc faciliter le passage d'un élève du statut scolaire au statut d'apprenti. L'évaluation des compétences et par blocs de compétences favorise cette mutation.
  • Des projets interdisciplinaires
Ceux-ci peuvent être mis en place, en intégrant les outils numériques, avec des plateformes de formation en ligne, pour une formation hybride.
  1. Des parcours de formation sécurisés
  • Des passerelles effectives
Il s’agit de mettre en place de véritables passerelles entre les voies de formation, entre les spécialités, entre les statuts, avec un système de crédits/équivalences de formation, dans l’enseignement secondaire et supérieur et tout au long de la vie.
  • Des parcours de formation diversifiés et perméables
La durée du temps de formation pour acquérir un diplôme ne doit plus être rigide. Rien ne doit s’opposer à ce qu’un élève obtienne son diplôme en deux ans et non trois, s’il en est capable.Un jeune doit pouvoir aisément rejoindre la voie générale s’il en présente les compétences.
  1. Une école apprenante et ouverte sur l’extérieur
  • Des formations qualifiantes
Celles-ci doivent se tenir pour les divers partenaires, les salariés, qui peuvent bénéficier de crédits formation dans le cadre du Compte personnel d’activité.
  • Des partenariats plus effectifs
Le SI.EN-UNSA milite pour un partenariat renforcé entre l’école et les milieux économiques favorisant l’échange des savoirs école-entreprise et entreprise-école, pour les enseignants et tuteurs.
  • Les parents associés à l’école
Comme chez de nombreux partenaires de l’OCDE, les lycées proposent des boutiques et services ouverts au public. Afin d’associer davantage les parents au parcours de leur enfant, l’école doit associer ceux-ci en les accueillant ponctuellement au sein des ateliers/magasins ou lors de programmes participatifs.
  1. Une alternance repensée, une mobilité à encourager davantage
  • Des parcours professionnels en 2nde
Le SI.EN-UNSA propose la suppression des PFMP en seconde pour les remplacer par des parcours « Découverte pour tous », ou par des « Chantiers Ecole », afin de lever la problématique du manque de maturité des élèves de seconde et de permettre à tous les jeunes de finaliser leur choix d’orientation.Il peut également s’agir d’un projet professionnel avec un directeur d'étude (un enseignant et un professionnel) intégrant une évaluation au diplôme.
  • Des tuteurs d’entreprise certifiés
Il s’agit d’instaurer un véritable statut de tuteur en entreprise, supposant une formation à la pédagogie et offrant la possibilité d’un partage concerté et effectif de la formation (centre de formation et entreprise). L’objectif est de créer une culture partagée enseignants-entreprise. Cela passe par l’encouragement des projets professionnels enseignants-entreprises.
  • Un salaire perçu par les lycéens s’engageant dans la formation professionnelle est à étudier, avec une éventuelle prime ou un système de bonus/malus, selon les résultats.
  • Au sein de l’espace européen, il est nécessaire d’encourager la mobilité internationale par des bourses nationales et/ou régionales attribuées au mérite et/ou selon les projets. Cela passe par le développement de l’interculturalité et l’intégration d’une culture métiers au sein des centres de formation.
  1. Un mode certificatif à repenser pour une formation professionnelle adaptable et avant-gardiste
  • Une carte des formations territoriale et évolutive
Les entreprises doivent être associées à la réflexion sur la carte des formations, en lien avec les chefs d’établissements, les inspecteurs et les collectivités territoriales. Elles peuvent en effet aider à définir des compétences tournées vers la réalisation d’objectifs de performance professionnelle (compétences comportementales comprises).Une consultation des associations de parents d’élèves et des organisations professionnelles d’employeurs et de salariés doit aussi être envisagée.
  • Il est nécessaire d’avoir une instance indépendante des branches professionnelles au sein du Ministère, pour faire des prospections et anticiper les besoins du marché économique de demain.
Cette instance doit procéder à une rénovation régulière des diplômes, repenser ceux-ci autour de champs professionnels et réviser les référentiels en intégrant les notions de développement durable et du numérique.
  • Une certification opérationnelle et transparente
Il faut repenser la validation par compétences et par blocs de compétences, au fil de la formation pour sécuriser le parcours de chaque jeune, tout au long de la vie. Il faut pour ce faire s’inscrire dans une assurance de la qualité de l’enseignement et la formation professionnelle, conformément à la recommandation EQAVET du 18 juin 2009.
  • L’une des épreuves professionnelles peut être évaluée sous la forme d’un projet concret mené sur l'ensemble de la dernière année avec un cahier des charges intégrant l'enseignement général, les arts, les langues, etc.
  • Le diplôme intermédiaire ne doit plus être constitué que d’épreuves anticipées du Bac Pro.
  1. Une meilleure orientation qui passe par une meilleure information
  • Une information plus fiable, plus lisible avec un nombre allégé de spécialités.
  • Ces formations  devront intégrer les techniques actuelles, répondre aux besoins sociétaux de demain et privilégier une insertion professionnelle effective de tous les élèves.
  • Il faut mettre en place des campagnes d’information présentant la totalité d’une filière (jusque Bac + 3, voire au-delà) et associant le témoignage de chefs d’entreprise (cf. le site Passerelles de la filière BTP http://passerelles.bnf.fr/).
  1. Des enseignants plus nombreux et mieux formés
  • Une ouverture au concours de toutes les disciplines en manque d’enseignants et une augmentation du nombre de places aux concours.
  • Pour une plus grande attractivité du concours enseignant avec une formation de qualité en ESPé, qui s’appuie sur les travaux récents de la recherche.
  • Le master MEEF doit être allégé et intégrer une alternance beaucoup plus tôt.
  • Les enseignants devraient pouvoir conduire des recherches, des expérimentations avec des crédits d'heures alloués par le chef d'établissement.
De même, dans ces nouveaux lycées sur le mode des Campus, ils doivent pouvoir intégrer dans leur service les heures de formateur dans le cadre de la formation continue.
  • Une formation continue de tous les enseignants (enseignement général compris) doit être mise en place, avec notamment des stages en entreprise (possibilité de valorisation dans le cadre du PPCR).
Cette formation devrait non seulement être obligatoire mais également qualifiante voire diplômante afin de constituer un élément valorisant dans la carrière.
  • L’interdisciplinarité entre enseignement général et enseignement professionnel doit encore être développée. Les espaces tels que l’accompagnement personnalisé et les enseignements généraux en lien avec la spécialité ne doivent pas pouvoir être utilisés pour un simple dédoublement des classes.
Des groupes allégés doivent être systématiques en enseignement général.Les professeurs d’enseignement général doivent pouvoir exercer indifféremment dans la voie générale ou la voie professionnelle, qu’ils soient certifiés ou PLP.
  • Afin de privilégier les projets, le temps de travail doit pouvoir être annualisé.
  1. Des inspecteurs du 2nd degré
  • Afin d’éviter un manque de clarté pour les interlocuteurs et une efficacité réduite, un même inspecteur du 2nd degré doit suivre l‘ensemble d’une filière, sur un parcours Bac -3/+3.
  • Il s’agit de mutualiser les dossiers pour les inspecteurs du 2nd degré (IEN-ET/EG et IA-IPR), déjà sur les mêmes missions. La création d’un grand corps de l’encadrement pédagogique demandé par le SI.EN UNSA faciliterait cette mutualisation.