Apprentissage2

Une fois n’est pas coutume, nous pouvons croire en la parole des politiques ! Ou du moins dans celle de nos interlocuteurs que sont les conseillers, directeurs de cabinet et la ministre déléguée elle-même.

 Réforme de la voie professionnelle, des évolutions, mais bien du chemin reste à accomplir

Le SI.EN UNSA se félicite aujourd’hui de ce discours de vérité tenu tout au long de nos audiences selon lequel la ministre déléguée Carole GRANDJEAN se conformerait aux décisions consensuelles qui émergeraient des quatre groupes de travail.


Ne soyons pas dupes pour autant. Beaucoup de chemin reste à parcourir pour co-construire – ensemble – la réforme nécessaire de la voie professionnelle. Réforme nécessaire, avant tout, quant aux ajustements à apporter à la TVP. Le premier puis le second bilan proposé par les IG ne nous ont nullement convaincus. Trop d’approximations et d’impartialités demeurent. Nous n’avons pas les mêmes remontées du terrain, nous inspecteurs qui sommes au plus près des équipes.


Concernant l’augmentation de 50 % des PFMP, ces périodes de formation en milieu professionnel, dès la rentrée de septembre 2023, les représentants du SI.EN UNSA ont toujours martelé le même discours: « infaisable dans les conditions actuelles où les équipes enseignantes sont épuisées après une réforme de la TVP non aboutie ». Cet objectif qui était davantage un totem politique - cher au président de la République en campagne de réélection - qu’un réel souhait de la part de l’ensemble des acteurs du terrain (élèves, professeurs, PERDIR, inspecteurs, entreprises) était le symbole d’une politique autoritaire en dehors de toutes réalités du terrain. Il était le symbole également d’une politique menée par le haut, tambour battant, à charge pour les acteurs de terrain de faire coïncider les basses contingences avec les hautes emphases politiques.


Notre système éducatif ne peut être piloté par à-coups, sans vision d’ensemble, au gré des opportunismes politiques. Le SI.EN UNSA réclame de co-construire notre système éducatif et plus particulièrement la réforme de la voie professionnelle sur le temps long, sans précipitation. La carte de formation, les familles de métiers, la co-éducation école-entreprises nécessitent un bilan objectif de l’existant - un diagnostic sans biais ni complaisance – pour apporter les actions correctrices nécessaires ; et d’autant plus lorsqu’il faut résoudre la quadrature du cercle avec l’ambition concomitante d’améliorer la maîtrise des fondamentaux tout en augmentant les PFMP.


De nombreux chantiers ont été ouverts par les deux groupes tirés au sort pour présenter à la ministre déléguée, chacun, leurs 10 propositions : la mixité des parcours, la prise en compte des apprentis dans la DGH, la création d’une année post-CAP et post-BAC, l’immersion des enseignants en entreprise et des tuteurs au lycée, la création d’un label pour les tuteurs formés, le développement des soft skills ou encore la création d’un parcours d’éducation à la mobilité.

Alors oui, nous gardons foi en la parole de nos politiques lorsqu’ils nous promettent que la réforme de la voie professionnelle ne se fera pas, au vu des chantiers sur la table, dans une perspective d’économie de moyens mais au contraire qu’elle sera largement abondée pour pouvoir innover sur les modalités, certes pédagogiques, mais surtout organisationnelles. Parviendra-t-on – ENFIN – avec cette réforme de la voie professionnelle à une égale dignité des voies d’enseignement ? Cette dernière doit passer par l’effacement d’une distinction bien établie entre personnel rattaché à la voie générale et technologique et personnel rattaché à la voie professionnelle. Une telle différence d’appartenance n’existe plus pour les PERDIR … pourquoi persiste-t-elle pour les inspecteurs ? Le corps unique – comme il le fut pour les enseignants et pour les PERDIR – parachèvera cette ambition d’excellence qui restera toujours et encore un vœu pieux si le ministère ne se donne pas les moyens de ses ambitions.