J'ai bien apprécié la réponse du secrétaire général du SIEN, réaction justifiée aux propos du ministre qui dénonçait « un système d'inspection basé sur la défiance ». Il est en effet intolérable d'entendre le ministre flatter les uns en stigmatisant les autres, louer un corps un jour, pour le blesser un autre. C'est une manière de gouverner un ministère bien curieuse et quelque peu désinvolte. Cependant, Darcos pose très mal un vrai problème. Car personne parmi les inspecteurs n'ignore que c'est la confiance qui fait fond de la relation d'inspection. Je ne parlerais pas de ces très rares inspecteurs aux personnalités rigides qui se fourvoient dans l'inspection. Ces personnalités se rencontrent dans tous les métiers. Il faut les éviter. J'évoquerai le « système » de l'inspection. Et c'est là que doivent être travaillées la valeur de confiance et les pratiques d'accompagnement. La confiance ne se décrète pas. Elle se cultive. En la matière, la formation est utile à condition que l'ESEN place au second plan les fumées du pilotage par indicateurs qui s'inscrit dans une perspective de direction et non d'inspection. Ce qui importe en ce domaine, c'est de donner aux futurs inspecteurs les moyens et les méthodes de l'entretien individuel et collectif, de l'intégration des conflits à la situation d'inspection. Ce sont les conditions de la confiance. A la suite de la formation, l'expérience est nécessaire, à condition que les inspecteurs soient eux-mêmes invités à la réflexivité, à réfléchir sur leurs pratiques, tant au sein de collèges de pairs, qu'en relation avec ceux qui devraient par vocation et destination accompagner les inspecteurs territoriaux, à savoir les inspecteurs généraux.
Jean-Pol ROQUET