La rectrice de Poitiers démissionne.
Depuis mai, les pronostics allaient bon train à Poitiers sur le départ de la rectrice. Mais qui aurait parié sur sa démission pure et simple ? Madame la rectrice Daoust s’en va en jetant l’éponge : dans sa déclaration à l’AEF (dépêche AEF du 25 septembre à 16h 47), madame Daoust avoue ses difficultés relationnelles avec les syndicats. Des relations qu’elle a elle-même générées et pour lesquelles elle n’entend pas de changement de méthode. Pas plus qu’avant
elle ne veut avoir à travailler avec les représentants du personnel, dont le SIEN et l’UNSA.
Elle conclut substantiellement en soulignant que l’université, c’est bien mieux que l’école et rêve de travailler à nouveau avec quelques « fidèles »!
« Fidèles » ? Mais comme en religion, n’est pas gourou qui veut !
De là à s’afficher en martyr des syndicats, le pas est vite franchi.
C’est ni plus ni moins qu’un aveu d’échec et rendons lui cette grâce : même atteinte de surdité et de cécité notoires, elle a fini par se résoudre au fait qu’elle était dans une impasse.
Et pourtant, dans une période de vaches maigres, le budget académique ne s’en trouverait que mieux s’il pouvait économiser sur une « cérémonie » de départ ( sic. courriel d’invitation du 26/09/2012) auquel les « fidèles » se sentent obligés d’assister et de s’afficher contrits par la fin de règne. « Dieu » a-t-il vraiment besoin d’identifier les siens ?
Echec d’une méthode, échec d’un mode relationnel avec ceux qui font l’académie au jour le jour, échec d’une gouvernance autoritariste et descendante qui ne jure que par le mérite du cercle étroit des proches et le mépris pour les autres.
Echec d’un système de gratifications pavloviennes et condescendantes pour le cercle des « fidèles », par distribution parcimonieuse de l’avancement « graduellement » méritant, de l’indemnité au mérite inversement proportionnelle au carré de la distance fonctionnelle avec le recteur, voire de frais de déplacement moins contraints pour certains que pour d’autres, le tout dans la plus grande opacité et sans grand rapport avec la réalité des missions.
Entretenir et ne s’entourer de quelques « fidèles » pour s’assurer d’une perception réaliste et permanente du terrain, c’est se bander les yeux, se boucher les oreilles, s’engraisser de flagorneries.
Refuser les questionnements, refuser de s’y attarder, rejeter d’un revers de main, refuser la rencontre et l’échange de vues, refuser la participation, réfuter le droit à faire des suggestions qui ne soient pas copies conformes aux vues du cacique, c ’est traiter par le mépris toutes celles et ceux qui, au plus près du terrain, comme « au moins près » du recteur, s’investissent pour que l’école survive à une gouvernance erratique et revancharde.
La dernière en date de madame la Rectrice n’a-t-elle pas été de fustiger les petits collèges ruraux en décrétant publiquement que leur seule raison d’être est de faire tourner le petit commerce local grâce aux profs qui vont boire leur café tous les matins avant de prendre leurs cours !
Pour être recteur, il faut être professeur d’université, toutes disciplines étant égales par ailleurs, historien, sociologue, biologiste, pharmacien, etc. Il est permis de se demander si la conséquence n’est pas aussi d’avoir à user et abuser de filtres plus ou moins déformants pour « deviner » le lycée, le collège, l’école, la maternelle, la réalité du partenariat avec les élus locaux que sont les maires et les conseillers généraux. Ceci explique peut-être que les recteurs se suivent et se ressemblent souvent. Mais pas toujours.
Après deux ans de ravages, gageons que le successeur de la rectrice Daoust saura user de concertation, de rencontres et de synthèses élargies pour se garder des « fidèles » et remobiliser toutes les énergies sans en rejeter aucune.
Kamelot