Un cadre rigide… pour quel accompagnement ?

Un point de tension réside dans le cadre rigide du PPCR. Le dispositif impose une grille d’évaluation standardisée, segmentée en plusieurs critères avec une classification en quatre niveaux. Cette nomenclature réduit notre capacité à rendre compte des véritables performances des enseignants. Certains critères ne permettent pas de distinguer les enseignants les plus investis, et le caractère figé des appréciations empêche parfois une reconnaissance fine du travail accompli.
De plus, les avancements accélérés au sein du PPCR ne concernent qu’un nombre restreint d’enseignants, ce qui crée un sentiment d’injustice parmi les évalués et nous place dans une position délicate.
Notre mission d’accompagnement pédagogique se trouve ainsi fragilisée par un système où les décisions semblent parfois dictées par des quotas plus que par une réelle évaluation des compétences et de l’engagement professionnel.

Cause toujours, tu m’intéresses ?

Se pose également la question du regard que portent les enseignants sur l’impact réel de cette évaluation réalisée par l’inspecteur puisque le gain entre l’avancement par le PPCR et celui à l’ancienneté reste maigre. Il en est de même avec un avis « à consolider ». Bien évidemment, nous proposerons à l’enseignant des conseils, des ressources, des formations, des observations en classe. Mais, l’enseignant n’a pas obligation d’accepter cet accompagnement. Il n’y aura aucun impact immédiat sur la carrière. Cet avis n’entraîne pas automatiquement de sanctions ni de blocage de carrière. Il peut juste influencer les promotions futures.
Pour les enseignants le passage à la hors classe est automatique quels que soient les avis des inspecteurs, même après des avis « à consolider » répétés. Il faut émettre une opposition chaque année pour ne pas laisser les enseignants défaillants à la hors classe.

Le sentiment de « rétrogradation »

Enfin, il est parfois complexe pour un enseignant qui a obtenu « très satisfaisant » à l’échelon 6 ou 8 d’accepter d’avoir « satisfaisant » à l’échelon supérieur. Pour éviter ce désagrément des collègues reconnaissent ne pas mettre plus que « satisfaisant » à l’échelon 6, par exemple ou « très satisfaisant » à l’échelon 8.
Pour ceux qui justifient leur choix par le fait que les exigences augmentent avec l’échelon, les recours se multiplient. Pour peu que le recours aboutisse favorablement, l’inspecteur peut se sentir mis en défaut par sa propre hiérarchie quant à ses compétences d’évaluateur.

L’inspecteur fragilisé

Le PPCR, tel qu’il est appliqué aujourd’hui, place les inspecteurs dans une situation intenable, les obligeant à jongler entre des exigences administratives toujours plus lourdes et un cadre d’évaluation rigide qui nuit à leur mission principale : accompagner les enseignants pour améliorer la qualité de l’éducation.

 

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