A la question « est-ce que vous avez en votre qualité d’IEN CCPD l’impression d’être parfois seul ? », la réponse est non. Par contre si on reformule la question en « êtes-vous confrontés trop régulièrement à la solitude dans vos fonctions d’IEN CCPD ? », la réponse est oui !
Ce n’est ni une impression, c’est une réalité ; ni ponctuel, c’est une réalité de tout instant.

Même entre IEN, il n’est pas aisé d’échanger sur nos problématiques ou de créer un réel collectif. Ce n’est pas par pudeur mais par manque de temps ! On ne peut même plus profiter de nos collèges d’IEN pour échanger entre nous. Ces temps sont réquisitionnés pour nous former à ceci ou à cela tant les agendas débordent déjà pour des réunions, des formations (en ou hors académie), des commissions variées qui se multiplient. Souvent, ce sont trois convocations/invitations sur une même demi-journée avec parfois encore en plus une visio qui vient s’ajouter comme une cerise sur le gâteau.

On nous demande en P350 ou en CIEN d'être "en résidence" dans les écoles pour accompagner le pilotage par les évaluations nationales, impulser diverses opérations pédagogiques et des changements de pratiques sans oublier l’accompagnement des projets NEFLE. On se demande bien quand !

Le manque de remplaçants et d'AESH impacte fortement la qualité du travail des équipes et on consacre nos journées à répondre aux mécontents (parents, enseignants, directeurs, élus locaux). La gestion des divers conflits nous prend un temps considérable.

Et les évaluations d’unités d’enseignement ? déjà chronophages mais pour lesquelles l’académie fait une adaptation locale avec des modalités éloignées des préconisations du Conseil d’évaluation de l’école ! Le passage obligé de tous les pré-rapports en « comité de relecture » fait que le délai de trente jours pour communiquer le pré-rapport aux unités d’enseignement évaluées ne peut pas être tenu. De plus, la composition de ce comité n’est pas prévue par le protocole national et n’a jamais été communiquée officiellement. Ces relecteurs n’ont pas participé à l’évaluation externe et leur avis ne saurait être injonctif, au-delà de la correction d’éventuelles coquilles typographiques. N’est-ce pas une forme d’atteinte au professionnalisme des IEN ? Ne sommes-nous pas personnels d’encadrement réputés compétents pour rédiger un rapport tenant compte des contraintes de nuances et de diplomatie, en expliciter toute la teneur dans une optique bienveillante et positive et en restituer oralement tous les points avec tact et mesure ?

On peut aussi ajouter que nous faisons de plus en plus le travail non réalisé par les services du rectorat ou des DSDEN qui voient leurs agents administratifs quitter le navire pour raison de santé ou pour changer de service voire d’employeur.

A force de charger la barque elle va finir par chavirer puis couler.

Le stress nous réveille la nuit. Nous en sommes tous à attendre les congés pour espérer respirer, car à chaque période nous sommes en apnée et nous ne disposons même plus de nos weekends tant la charge de travail est grande. Pour beaucoup, la santé physique et mentale, est impactée, mais nous n’avons pas le temps d’y penser, en réalité. Nous finissons par nous oublier nous-mêmes !

Nous avons de plus en plus l'impression d'être des gestionnaires d’affaires courantes et nous ne prenons plus aucun plaisir à exercer nos fonctions. Question sens de notre métier... On repassera !

Vincent, François, Paule… et les autres

Solitude inspecteur