L'inclusion scolaire fait référence à la volonté d'assurer que tous les élèves, y compris ceux en situation de handicap, aient accès à une éducation de qualité dans des établissements scolaires ordinaires. L'objectif principal de l'inclusion scolaire est de permettre la participation active et équitable de tous les élèves, quel que soit leur handicap ou leurs besoins particuliers.

Au quotidien, les acteurs de l’école et particulièrement les inspecteurs éprouvent les limites de l’inclusion scolaire :
Malgré un nombre croissant d’AESH et des recrutements constants, nos écoles et établissements manquent de ressources humaines pour mettre en œuvre pleinement les mesures d'accompagnement nécessaires pour les élèves en situation de handicap.
Certains enseignants et AESH se sentent insuffisamment formés pour répondre aux besoins spécifiques des élèves en situation de handicap. Une formation initiale et continue ambitieuse est essentielle pour développer les gestes professionnels nécessaires à l’accueil et à la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Lorsque les ressources humaines sont suffisamment présentes, les équipes font face à une telle diversité des besoins des élèves en situation de handicap que la mise en place d’adaptations pour répondre à cette diversité est un véritable défi qu’il n’est pas toujours possible de relever.
Accueillir et scolariser des élèves en situation de handicap demande une très grande coordination entre les différents acteurs (enseignants, AESH, parents, professionnels du médico-social et de santé, etc.). Ces espaces et ces temps de coordination sont rarement suffisants et la concertation n’est donc de fait pas effective voire très succincte.
Notre système éducatif continue à avancer dans une logique qui lui est propre, ne pouvant se départir d'intentions méritocratiques sources d’inégalités, générant un cadre endémique qui freine le développement de pratiques inclusives : pratiques évaluatives normatives, pression de l’orientation et choc des savoirs par exemple. Les acteurs de terrains se trouvant ainsi face à des injonctions contradictoires et de vrais dilemmes professionnels.
Pour autant il semblerait en ce qui nous concerne que nous ne voulons rien céder sur la valeur d’une école pour tous. Alors dans ces conditions météorologiques tempétueuses comment créer une dynamique inclusive et se départir du sentiment d’une inclusion scolaire subie par tous les acteurs ? Cela nécessite sans doute de repenser les politiques éducatives, les pratiques pédagogiques et les ressources allouées afin de créer un environnement qui favorise réellement l'inclusion et l'égalité des chances pour tous les élèves.

Développer la dynamique inclusive
L'inclusion scolaire et la dynamique inclusive sont des concepts similaires de prime abord, mais ils se concentrent sur des aspects légèrement différents dans nos différents contextes d’exercice.
La dynamique inclusive englobe un concept plus large qui va au-delà de la simple inclusion/intégration des élèves en situation de handicap. Elle vise à créer un environnement éducatif favorable à la diversité, où chaque élève, indépendamment de ses caractéristiques, se sent inclus et valorisé. Cette approche favorise la participation active, le respect mutuel et la collaboration au sein de la communauté scolaire. La dynamique inclusive agit non seulement en direction des élèves en situation de handicap, mais aussi en direction des élèves provenant de milieux sociaux différents, de cultures diverses, en difficulté scolaire grave et persistante.
La dynamique inclusive encourage la création d'une culture scolaire partagée basée sur la diversité et qui reconnaît et valorise les contributions de chacun. Elle élargit la perspective pour prendre en compte tous les élèves, en mettant l'accent sur la création d'un environnement éducatif inclusif et respectueux de cette diversité.
La question pourrait être de savoir si notre école peut s’inscrire dans une telle dynamique et si oui en prenant appui sur quels leviers ?
La transition vers une école plus inclusive, vers une école pour tous, nécessite une vision claire, un engagement continu et la collaboration de l'ensemble de la communauté éducative. Mais en premier lieu, cela nécessite une politique institutionnelle développée et explicite. C’est sans doute à ce niveau que le bât blesse et que les inspecteurs de l’éducation nationale sont en tension comme d’ailleurs tous les acteurs de l’école. Car à ce jour la politique institutionnelle en faveur de l’école pour tous, au sens d’un ensemble de principes, de directives et d'actions définies par l’institution en vue d'orienter ses activités et d'atteindre des objectifs spécifiques, n’y est pas. Si les grands principes et les grands objectifs sont posés, qu’en est-il de l’analyse fine des besoins et des défis auxquels l'institution et ses agents sont confrontés dans la réalisation de ces objectifs ? Qu’en est-il de la nécessaire consultation et participation des acteurs de terrain dans le processus de définition de cette politique ? Et enfin qu’en est-il de l’allocation des ressources nécessaires, qu'elles soient financières, humaines ou technologiques, pour soutenir la mise en œuvre de cette politique ? Pour promouvoir des pratiques inclusives, il apparait nécessaire de repenser certaines normes et pratiques du système éducatif : des approches pédagogiques différentes, une attention accrue à la diversité des besoins des élèves, des efforts pour éliminer les biais des évaluations, et la création d'environnements éducatifs qui favorisent l'inclusion et la coopération plutôt que la compétition et la comparaison.

Développer une politique de l’école pour tous c’est développer une dynamique inclusive prenant appui sur les différents leviers suivants, leviers qui restent à renforcer, voire à activer :
-Développer des modules spécifiques dans la formation initiale et continue des enseignants et des différents membres des équipes éducatives pour renforcer leurs compétences en matière de diversité des apprenants.
-Créer et partager des ressources pédagogiques qui prennent en compte la diversité des styles d'apprentissage, des besoins spécifiques et des contextes culturels.
-Favoriser la collaboration entre enseignants, professionnels de santé et du médico-social, psychologues de l’éducation nationale, enseignants spécialisés des RASED et travailleurs sociaux pour privilégier une approche globale et intégrée pour un meilleur étayage des parcours de scolarisation.
-Promouvoir une culture inclusive au sein de l'école et communiquer ouvertement avec les parents, les élèves et les partenaires sur cette culture.
-Utiliser les technologies et notamment le numérique de manière innovante pour fournir des supports d'apprentissage adaptés et faciliter l'accès à l'information.
-Évaluer de manière continue et régulière l'efficacité des pratiques inclusives et apporter les ajustements nécessaires.
-Renforcer les partenariats pour partager des ressources, des expertises et des bonnes pratiques.
-Encourager le développement de l'autonomie des élèves.

Les inspecteurs de l'éducation nationale ont un rôle pivot dans la promotion d'une école inclusive en soutenant et en accompagnant les équipes pédagogiques et éducatives. Ils agissent comme des facilitateurs pour créer l’environnement éducatif qui répond aux besoins divers des élèves. Ils ont un rôle crucial à jouer au niveau de la formation des enseignants. Enfin, ils doivent pouvoir agir en pleine responsabilité d’action et disposer des moyens nécessaires permettant de contribuer à de cette ambition nationale qu’est l’école pour tous. Les inspecteurs cesseront ainsi d’être les pompiers de service agissant en réaction à des situations qu’il conviendrait de prévenir.

Hakim, CT-ASH

 

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