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On nous dit que, pour qu’un binational soit déchu de sa nationalité française, il faudrait qu’il ait commis des actes terroristes, qu’il soit vivant, qu’il ait été jugé et condamné, qu’il ait purgé sa peine…
 
On imagine aisément que cette probabilité est aussi faible que lointaine, qu’une partie des gens est favorable à ce projet et que l’autre s’en fiche totalement, à commencer par les aspirants terroristes.
 
Et pourtant cette question submerge depuis quelques jours le débat public aussi bien de la part de ceux qui croient y défendre leurs valeurs que de ceux qui y voient l’opportunité d’une manœuvre politicienne, sous le regard amusé d’un parti extrémiste qui n’en demandait pas tant !
Le débat est certes haut en couleurs : les uns agitent le chiffon rouge, les autres invoquent la ligne blanche et tous ont le regard fixé sur la ligne bleue de 2017…
 
Le simple bon sens ne voudrait-il pas qu’on soit capable de regarder ce non-événement avec un peu de recul et qu’on évite de tomber dans le piège en ne prenant pas parti ?
Comment, ne pas prendre parti ? Mais vous n’y pensez pas ? De quoi aurions-nous l’air si, sur une question comme celle-ci, LA NATIONALITE, nous ne faisions pas entendre la voix des consciences que nous représentons ?
LA NATIONALITE, c’est la Nation, la Nation c’est le Peuple… Il est impensable que ceux qui représentent le Peuple puissent s’abstenir de prendre position sur une question aussi essentielle que LA NATIONALITE !
 
Bon, alors qu’avons-nous à dire ?
On pourrait dire bien sûr que ce type de mesure n’a aucune importance car il ne concerne quasiment personne sinon des individus que cela ne dissuadera en aucune manière de commettre leurs actes… mais quel est l’intérêt d’une telle déclaration ?
Non, il faut trouver du lourd ! Essayons par exemple de dénoncer « une atteinte intolérable à nos valeurs communes de liberté, d'égalité et de fraternité ».  Voilà une formule qui décoiffe et qui rappelle que nous sommes des républicains, des vrais, avec des valeurs que nous savons défendre !
Ça ne veut rien dire et ça n’a aucun rapport avec le sujet ? Peu importe car ce type de discours est uniquement à usage interne et ne s’adresse en aucune façon à tous ceux pour qui la magie de ce genre de formule n’opère plus depuis longtemps…
 
Finalement, on pourrait s’abstenir sans déchoir… en considérant que le débat démocratique ne doit pas être fondé sur l’affectif, sur le ressenti, sur l’irrationnel mais qu’il a vocation à traiter de sujets réels où une majorité de citoyens se sent effectivement concernée et retrouve ainsi le chemin de cette démocratie que nous cherchons à promouvoir.
 
Andromède - Citoyen du Monde (et de sa Galaxie) - 7 janvier 2016