Vous avez dit « épuisement » ?
Cet article a été publié dans la revue N° 134.
Dans le cadre du dernier conseil syndical, la vie des académies a mis en relief un sentiment d’épuisement professionnel de bien des IEN.
Ce sentiment doit être entendu, compris et ne peut être ignoré ni du SIEN ni de nos responsables.
Cette question est complexe, et s’inscrit sans doute dans un contexte général d’épuisement de notre système éducatif qui a connu depuis des années des régulations budgétaires drastiques, notamment dans les services administratifs, ce qui n’est évidemment pas sans conséquence sur cette situation.
Ce syndrome d’épuisement professionnel, très présent chez les cadres d’entreprises, est analysé par certains thérapeutes autour de trois paramètres qui vont se cumuler progressivement.
Absence de lisibilité sur les objectifs à atteindre et le sens de l’action collective.
Accumulation de tâches à réaliser dans des délais de plus en plus réduits, associée à une volonté de pouvoir y faire face sans faille vis-à-vis de la hiérarchie. La part que prend la messagerie professionnelle (volume et attente d’une réactivité immédiate) dans ce point est souvent identifiée, notamment dans l’une des conséquences de ce point que constitue la détérioration de la vie sociale dans un premier temps (abandon des loisirs en particulier) puis de la vie familiale dans un second temps.
Non reconnaissance de la hiérarchie face à tous ces efforts et sacrifices consentis.
Cette clé de lecture présente un réel intérêt pour comprendre la situation de bien des collègues IEN. Nous pouvons nous inscrire sans hésitation dans ces trois paramètres. Par delà le fait que nous ne pouvons plus nous satisfaire des remerciements vis-à-vis de notre engagement que certains IA prennent encore le temps de nous exprimer, et celui de cette accumulation de tâches que nous constatons tous, dont le sens, l’intérêt et l’urgence peuvent légitiment nous interroger, la question du sens apparaît centrale.
Où allons-nous ? La refondation de l’école fait-elle encore sens dans nos circonscriptions alors que nous l’avons souhaitée sans ambiguïté ? Nous constatons chaque année qu’à chaque changement de recteur, chaque changement d’IA, les priorités changent, les attentes à notre égard changent. Ce qui était vrai hier ne l’est plus… mais le sera de nouveau après-demain.
Ainsi, une des premières attentes à l’heure actuelle serait de clarifier les niveaux de pilotage qui se sont stratifiés pour construire une confusion indéniable, au service d’objectifs nationaux prioritaires explicites.
Au risque de penser que l’IEN peut aujourd’hui « tout faire », à l’heure ou notre loyauté, qui fait l’honneur de notre corps, est trop souvent pesée à l’aune de notre capacité à se montrer servile.
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