Déclaration du SI.EN UNSA

Nous vous remercions, Monsieur le Ministre, d’avoir présenté les axes majeurs de votre politique éducative pour le premier degré devant les inspectrices et les inspecteurs chargés d’une circonscription, même si nous persistons à penser qu’une intervention hybride aurait pu être imaginée pour éviter un long déplacement à nos collègues les plus éloignés.

Après deux années particulièrement difficiles à gérer, tous les personnels et les élèves aspirent à davantage de sérénité. L’École a besoin de respirer pour affronter les défis majeurs de l’avenir et ceci ne pourra se faire que dans un climat apaisé. Le slogan de l’École de la confiance marquait un objectif ambitieux qu’une politique agitée n’a malheureusement pas permis d’atteindre. Sans doute des réformes sont-elles indispensables. La première d’entre elles pourrait être de faire réellement confiance aux acteurs de terrain et à leur encadrement de proximité plutôt que de toujours vouloir contrôler tout ce qui se passe sur le terrain. Ce contrôle est du reste totalement illusoire et contribue, avec d’autres facteurs, à alimenter les difficultés que rencontrent les élèves les plus fragiles pour réussir à l’École et dans la société.

C’est d’outils et de fondements théoriques dont nous avons besoin, pas d’un mode d’emploi contraignant et normatif pour les mettre en œuvre ! Les inspecteurs subissent depuis de nombreuses années des pressions permanentes pour faire fonctionner des dispositifs dont nous savons tous parfaitement qu’ils supposeraient des moyens humains, techniques et matériels, qui ne sont jamais évoqués et encore moins satisfaits. Pourtant, notre expérience de terrain nous permet de le dire sans le moindre doute : ne pas prendre en compte les conditions matérielles dans lesquelles une réforme est instillée conduit inévitablement à des échecs, générateurs au fil du temps de doute, de découragement et de frustration.

Nous apprécions d’avoir été entendu dans notre demande d’une pause pour la mise en œuvre des évaluations des écoles. Nous soutenons depuis des années la nécessité de faire émerger les projets d’école dans une dynamique fondée sur l’initiative des équipes pédagogiques, soutenues par les inspecteurs, en évitant soigneusement tout ce qui relève du formalisme et de la contrainte. Le volontariat des équipes est incontournable ; il ne saurait se confondre avec les « sollicitations appuyées » qu’il nous est trop souvent demandé de mettre en place. Ces dernières s’apparentent à de véritables freins qui bloquent sournoisement les évolutions que nous souhaiterions faciliter. Par exemple, le questionnement permanent -et souvent sans intérêt¬- est de plus en plus mal vécu par des personnels qui ont su, dans un contexte pourtant particulièrement difficile, s’adapter en faisant preuve d’imagination et d’un sens aigu des responsabilités.

Une seule solution pour ramener la sérénité qui est la première condition de l’efficacité : faire que l’École de la confiance passe de l’état de slogan sympathique à celui de réalité dans toutes les structures d’enseignement.

Pour ce qui est de nos carrières, sans doute pouvons-nous nous réjouir et nous féliciter des avancées obtenues. Pourtant nous ne pouvons que regretter le manque de transparence qui a prévalu dans certaines académies lors de la répartition des inspectrices et des inspecteurs entre les trois groupes du RIFSEEP. Nous réclamons depuis longtemps que soit revu le concept d’évaluation des inspecteurs, qui relève trop fréquemment de l’arbitraire. Il est grand temps, à notre sens, de reprendre les travaux amorcés dans le cadre de l’agenda social et qui sont restés en suspens depuis plus d’un an.

Monsieur le Ministre, nous avons entendu vos attentes et vos priorités. Nous saurons mieux les mettre en œuvre si vous acceptez de nous laisser les marges d’autonomie et d’initiative dont les personnels d’encadrement que nous sommes ont besoin pour exercer leurs responsabilités.

Nous vous remercions de votre attention… et nous comptons toutes et tous sur votre compréhension et votre soutien.