Fin janvier, deux études viennent d’être publiées, l’une par l’Institut des Politiques Publiques (Ecole d’Economie de Paris et CREST), l’autre par l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (Sciences Po). Elles confirment que les retraités sont bien les grands perdants des mesures budgétaires prises en 2018 et 2019.
La justification politique de ce choix délibéré de ponctionner les retraités pour améliorer la situation des actifs répond à deux objectifs présentés comme des évidences morales : le travail qui paye et la nécessité de faire des efforts.
On pourrait partager ces objectifs s'ils ne s’adressaient pas qu’aux seules catégories sociales défavorisées mais aussi aux privilégiés, à ces premiers de cordée dont bien peu doivent leur fortune à leur travail et auxquels bizarrement aucun effort n’est demandé ! Au contraire, toutes les mesures récentes ont permis d'augmenter considérablement leur niveau de vie !
Aux retraités qui protestent, on ose leur répondre qu'ils sont des privilégiés et qu'ils doivent être solidaires des actifs... On oublie cyniquement que cette solidarité, ils l'ont manifestée toute leur vie active en finançant les pensions des retraités et qu'ils continuent à la pratiquer quotidiennement en aidant leurs enfants et petits enfants, mais aussi bien souvent en accompagnant la vieillesse et la perte d'autonomie de leurs parents.
On oublie également que la seule indexation des pensions sur l'inflation (qui n'est même plus respectée) induit inéluctablement un décrochage progressif du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs, ce qui touche particulièrement les retraités les plus âgés.
Daniel Gauchon - Représentant du SIEN au Bureau National de l'UNSA Retraités
Les trois tableaux ci-dessous sont extraits de ces deux études qui analysent les effets cumulés sur les ménages des mesures budgétaires prises en 2018 et 2019 :
- Budget 2019 : quels effets pour les ménages (Note IPP n°37)
- Buget 2019 : du pouvoir d'achat mais du déficit (Policy Brief OFCE n°46) - Slides de présentation
Les actifs sont en moyenne gagnants, quelque soit le centile de niveau de vie (+ 2,4 %de revenu disponible en moyenne).
Les 1 % des ménages les plus aisés, quelque soit leur statut d’activité, voient leurrevenu disponible augmenter en moyenne de6,4 % du fait du remplacement de l’impôt desolidarité sur la fortune (ISF) par l’impôt surla fortune immobilière (IFI)
Source : IPP
On peut constater que pour la plupart des retraités, le bilan des mesures fiscales du gouvernement Macron est très largement négatif, à l'exception notable du dernier centile (les 1% les plus riches). Ces derniers bénéficient en effet, au même titre que les actifs les plus riches, de la baisse de la fiscalité du capital mise en place par le gouvernement en 2018.
Source : IPP
Les ménages composés exclusivement de retraités, qu’ils soient seuls ou non, verront pour plus de la moitié d’entre eux leur revenu disponible se réduire sous l’effet du quasi gel des pensions de retraites notamment. Pourles retraités vivant seuls, la perte moyenne devrait s’établir à 240 euros par an tandisque pour les couples retraités, celle-ci atteindrait 390 euros par an en moyenne.
Nota : les ménages « perdants » au budget 2019 ont pour moitié un niveau de vie inférieur à 1 440 euros par mois et par unité de consommation.
Source : OFCE