Rencontre NB mini

Une heure trente d’entretien dans le bureau de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale nous auront permis de présenter le malaise et le mal-être qui prévalent aujourd’hui chez les inspectrices et les inspecteurs de toutes spécialités.

 Rencontre avec Nicole Belloubet, des échanges directs, francs et exigeants

Après quelques mots d’accueil, la ministre a souhaité donner rapidement la parole aux représentants du SI.EN UNSA avant d’écouter à leur tour nos collègues du SUI-FSU. Nous avons eu le plaisir de voir que nous étions très largement en phase avec eux, puisque leur représentant a immédiatement indiqué qu’il souscrivait à toutes nos observations. Après ces interventions initiales, le reste de la rencontre a été consacré à la présentation de divers exemples illustrant les tensions que nous subissons au quotidien dans l’exercice de notre métier.

Notre présentation s’est articulée en trois temps : notre analyse des difficultés au sein du service public d’éducation, nos attentes en matière de conditions de travail et nos revendications catégorielles.

1. Les difficultés au sein du service public d’éducation

Nous avons tout d’abord insisté sur les perturbations induites par les changements à répétition de ministre de l’Éducation. Nous entendons, certes, que ces modifications étaient sans doute justifiées par des impératifs, mais il n’en demeure pas moins qu’elles ont induit des agitations et des ruptures préjudiciables à la sérénité qui devrait prévaloir au sein d’un service d’état particulièrement fragilisé.

Nous avons surtout souligné le caractère très fortement contraignant du fonctionnement de l’administration centrale, insistant sur le fait que la DGESCO s’était transformée progressivement en une sorte de « bureau des méthodes » qui néglige de fixer des ambitions et de créer des outils pour permettre aux acteurs de terrain d’atteindre plus efficacement les objectifs visés, mais qui cherche à normer des comportements, ce qui est à la fois illusoire et déresponsabilisant. De très nombreux collègues déplorent de se sentir considérés comme des exécutants. Ils soulignent pourtant -et fort légitimement- qu’ils sont les seuls à pouvoir prendre en compte les caractéristiques particulières des territoires dont le pilotage pédagogique leur est confié.

Nous avons regretté que le nouveau dispositif du « choc des savoirs » ait été bâti à la va-vite, à l’issue d’une pseudo-consultation qui n’avait d’autre finalité que d’avaliser des conclusions pré-établies. Comme l’ensemble des syndicats de notre fédération, comme l’ensemble des fédérations, comme la quasi-totalité des organisations diverses siégeant au Conseil Supérieur de l’Éducation, nous dénonçons le caractère régressif et populiste des mesures phares de cette opération. Nous soutenons que les groupes de niveau conduiront inévitablement à une dégradation de l’offre éducative pour les populations scolaires les plus fragiles qui sont très majoritairement issues des milieux défavorisés. Cette logique de tri social s’imposant à l’École est pour nous parfaitement inacceptable.

Nous avons aussi rappelé notre opposition à la reproduction du modèle du redoublement qui a montré son inefficacité et même sa nocivité depuis fort longtemps. Nous avons encore déploré le modèle de la labellisation des manuels telle qu’elle est actuellement envisagée. Elle risque en effet de devenir une nouvelle « usine à gaz » dont le système éducatif n’a vraiment pas besoin.

2. Nos attentes en matière de conditions de travail

Une nouvelle fois, nous avons insisté sur l’urgence à mettre réellement en œuvre la circulaire relative aux missions des inspectrices et des inspecteurs, faisant remarquer que la grande majorité des autorités locales ne semblaient pas avoir pris connaissance de cette dernière. Si plusieurs points du texte en question nous semblent encore améliorables, l’affirmation du primat du pilotage des équipes pédagogiques parmi nos missions nous semble des plus pertinentes et nous regrettons que ce principe fondamental soit si négligé dans les académies et les départements. Nous constatons au quotidien la pression que subissent nos collègues pour se soumettre à des diktats émanant d’autorités hiérarchiques plus préoccupées de rendre compte de leur activité superficielle que d’accepter le temps nécessaire pour mettre en place les actions de fond, pourtant seules susceptibles d’avoir un impact réel et utile sur la progression des élèves et des jeunes.

Nous n’avons pas caché que de très nombreux collègues se voient traités comme des exécutants et non comme des personnels d’encadrement. Pas plus que nous n’avons négligé de souligner l’aggravation progressive de la situation et son impact sur la santé des inspectrices et des inspecteurs. Pour cela, nous avons réévoqué les travaux de Georges Fotinos et José-Mario Horenstein en 2015 sur le « moral des IEN et des IA-IPR » et nous avons fait le triste constat que, malgré les beaux discours sur la qualité de vie au travail, la situation s’était encore dégradée.

En nous appuyant sur des exemples précis, nous avons montré comment nous étions conduits à perdre du temps sur des tâches qui nous épuisent et nous font perdre le sens de notre métier. Nous avons aussi dénoncé le comportement agressif et parfois méprisant de certains supérieurs hiérarchiques qui contribuent au sentiment d’épuisement et de mal-être de trop nombreux collègues. Nous avons fait entendre nos craintes d’un renforcement de ces dysfonctionnements avec la mise en place envisagée d’un service académique de l’inspection dirigé par un chef de service. Nous soutenons en effet qu’il est essentiel que les collèges d’inspecteurs disposent d’une réelle capacité d’initiative pour répondre et s’adapter aux besoins du terrain. Ceci passe par l’engagement de chacun et non par sa soumission à une autorité décisionnelle.

3. Nos revendications catégorielles

Si nous avons rappelé notre satisfaction d’avoir obtenu l’alignement des indices terminaux de la classe normale et de la hors-classe pour les IEN et les IA-IPR, nous avons souligné qu’il restait encore un effort à accomplir pour arriver à un véritable alignement, condition que nous savons essentielle pour poursuivre vers la mise en place d’un corps unique d’inspection. Nous réclamons donc que la question de la réduction de la durée des échelons terminaux de la classe normale et que celle du cylindrage de l’accès à l’échelon spécial de la hors-classe ouvrant sur la HE Bbis soient traitées au plus vite.

Nous réclamons aussi que la prime relative aux PACTE soit étendue aux inspectrices et aux inspecteurs de toute spécialité et qu’elle soit cumulée non avec le CIA, mais avec l’IFSE, ce qui permettrait d’en faire bénéficier les stagiaires. Nous insistons aussi pour qu’une solution soit recherchée pour les IEN faisant fonction ou chargés de mission, avec effet rétroactif immédiat pour les lauréats 2022 et 2023. Il nous semble particulièrement injuste qu’un même travail ne soit pas rémunéré de la même manière, mais dépende du statut de celui qui l’effectue.

Nous sommes enfin revenus sur les tensions qui ont résulté de la répartition des inspectrices et des inspecteurs entre les trois groupes du RIFSEEP. L’absence de critères clairs et objectifs ainsi que le refus de prendre en compte des facteurs relatifs à l’expérience, alors que celle-ci est pourtant reconnue comme fondatrice d’une expertise professionnelle, ont ulcéré de nombreux collègues et les effets de ce qui a été vécu comme une humiliation doivent être pris en compte et traités. Même si, à notre sens, c’est vers une véritable remise en cause des grilles indiciaires qu’il faudrait s’orienter, rien n’empêcherait de commencer par une revalorisation sensible et uniforme de l’IFSE pour une meilleure reconnaissance des compétences et de l’engagement professionnel de nos collègues.

Rencontre NB max

 

Pour conclure… provisoirement !

Globalement, nous avons eu la sensation d’être écoutés et la ministre a elle-même souligné de nombreux points de concordance entre nos attentes et les siennes. Elle nous a assurés avoir conscience des tensions au sein de notre corps d’inspection, tensions du reste tout à fait comparables à celle subies par nos camarades IA-IPR. Elle a souligné l’importance qu’avaient à ses yeux les corps d’inspection et le rôle qu’elle souhaitait leur voir jouer pour aider les enseignants à faire preuve d’une plus grande efficacité.

Elle reste persuadée que le choc des savoirs, avec la mise en place de groupes de besoins, s’inscrit dans une dynamique positive et voudrait que soient dépassés les conflits de positionnement pour ouvrir de vraies discussions sur les mesures à mettre en place de manière opérationnelle.

Elle nous a dit comprendre notre désir de disposer de marges d’action, tout en soulignant qu’il faudrait aussi prévoir des formes d’évaluation et, si nécessaire, de régulation.

Elle nous a enfin concédé que nos revendications catégorielles n’étaient pas dénuées de légitimité et méritaient d’être étudiées.

Nous ne nous contenterons certes pas de mots et il faudra que ce que nous avons entendu et apprécié soit confronté à l’épreuve des faits !

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